Tiers payant, vaccins...: entre larmes et fierté, Touraine passe le flambeau au Pr Buzyn

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Publié le 18/05/2017

Fières mais émues. La passation de pouvoir au ministère de la Santé entre Marisol Touraine, cinq ans à ce poste, et le Pr Agnès Buzyn, nommée mercredi, a été chaleureuse, avec parfois quelques larmes d'émotion versées de part et d'autre.

La nouvelle ministre, médecin hématologue, a été accueillie par son prédécesseur sur le trottoir même de l'avenue Duquesne à Paris. Presque christique, les bras grands ouverts, Marisol Touraine a embrassé chaleureusement Agnès Buzyn, elle-même tout sourire, avant que les deux femmes se dirigent vers le bureau ministériel pour la transmission républicaine des dossiers. La discussion a duré 35 minutes.

Devant le personnel du ministère réuni dans le hall du bâtiment, Marisol Touraine et le Pr Agnès Buzyn ont ensuite prononcé quelques mots. La première a assuré qu'elle était « extrêmement heureuse » que la seconde lui succède. L'ex ministre a dit sa « fierté immense » d'avoir été à cette responsabilité pendant cinq ans. « On n'est pas ici par hasard », a-t-elle assuré.

Tiers payant généralisé et obligation vaccinale

Marisol Touraine a passé en revue, sans trop s'étendre, les principaux dossiers auxquels elle avait été confrontée, évoquant son « obstination » à porter une politique « permettant aux gens d'aller mieux ». Elle a cité le rétablissement des comptes de la Sécurité sociale, les efforts en matière d'accès aux soins, l'hôpital, « institution forte », le développement des maisons de santé ou encore le défi du vieillissement et du handicap. Avec une mention spéciale pour l'instauration du tiers payant généralisé, « une grande avancée plébiscitée par 70 % de nos concitoyens ». Message transmis à son successeur alors que le candidat Emmanuel Macron a parlé, lui, de tiers payant « généralisable »

L'ancienne ministre a fait part d'un regret, « sujet inachevé », à savoir l'extension de l'obligation vaccinale à 11 vaccins – contre trois actuellement. « Le texte de loi a été préparé, mais il n'a pas eu le temps d'aller au bout de la procédure législative », a-t-elle indiqué, disant vouloir « transmettre ce flambeau » au Pr Agnès Buzyn. « Bon vent, chère Agnès », a conclu Marisol Touraine les yeux rougis, sous les applaudissements nourris de l'assistance.

« Moi aussi, j'ai versé une larme en quittant la HAS », lui a répondu la nouvelle locataire de Ségur. Le Pr Agnès Buzyn a jugé que Marisol Touraine avait « marqué ce ministère par des actions ambitieuses », notamment la loi de modernisation de notre système de santé ou celle sur l'adaptation de notre société au vieillissement, ou différents plans de santé publique « dont certains que nous avons construits ensemble comme le plan Cancer ».

Style différent et souci de l'équité 

Mais Agnès Buzyn a d'emblée imprimé sa marque. « Nous serons probablement parfois sur des chemins différents. Notre style sera peut-être différent, mais notre engagement tout aussi puissant ». La nouvelle ministre a insisté sur « l'immense fierté » qu'elle éprouvait au moment de « prendre les clés de ce ministère ». Son travail devra répondre « à ce qui est le plus insupportable dans notre société », les pertes de chance et les vulnérabilités. 

« Nous allons devoir travailler d'arrache-pied car ce gouvernement n'a aucun droit à l'échec. Nous devrons travailler collectif, déployer de la créativité et de l'ingéniosité, car les budgets sont contraints. J'essaierai de traiter les dossiers avec équité ». L'ancienne présidente de la HAS a cité celui de la médecine de ville et l'hôpital, entre lesquels « un équilibre est à trouver »


Source : lequotidiendumedecin.fr