• Les antennes relais
Les opérateurs de téléphonie mobile ont des obligations vis-à-vis de l’État en matière de couverture du territoire et de qualité des services mobiles. Sur tout le territoire national, il y a environ 47 000 antennes relais GSM (téléphonie mobile de 2 e génération émettant de 41 à 58 volts par mètre) et 23 000 stations UMTS (téléphonie de 3e génération émettant à 61 V/m). Pour réglementer les seuils maximaux d'exposition aux ondes radio, la France a fait le choix de s'aligner sur les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), reprises par l'Union européenne. C'est la norme la plus répandue dans le monde, censée protéger de tout effet thermique. Mais certains pays, pour répondre aux préoccupations sanitaires de leur population, ont fait le choix d'appliquer aux émissions des antennes relais des plafonds bien plus bas, en particulier dans les lieux de vie : 6 V/m en Italie, en Pologne et en Bulgarie, entre 4 et 6 V/m en Suisse, 3 au Luxembourg…
En France, les associations militent pour que le seuil soit abaissé à 0,6 V/m. Un chiffre « sans fondement scientifique » selon l’Association française des opérateurs mobiles (AFOM). En 2003, la Ville de Paris a signé avec les opérateurs de téléphonie une charte qui instaure un plafond de 2 V/m. La puissance d’émission des antennes relais est contrôlée par l’Agence nationale des fréquences (anfr.fr). Les mesures réalisées à l’intérieur des bâtiments entre 2004 et 2007 indiquent, en moyenne, un niveau d’exposition de 0,71 V/m, ajoute l’AFOM. Pour les radiofréquences, il n’y a, à l’heure actuelle, aucune conviction scientifique de l’effet cancérigène des ondes radiofréquences sur la santé, malgré les nombreuses études déjà menées.
• Les études scientifiques
Environ 1 400 articles scientifiques ont été publiés sur le sujet des effets sur la santé des radiofréquences, dont 700 sur la téléphonie mobile. Ce sont principalement des études sur les cellules, sur les animaux et sur les êtres humains, des études de sciences physiques et des études épidémiologiques. Les critères majeurs pour évaluer le sérieux d'une étude sont la cohérence et la qualité de la démarche retenue pour l’étude, la prise en compte des résultats des études qui l’ont précédée et la possibilité de reproduire l’expérimentation. On considère que les études sérieuses font l’objet de publications dans des revues internationales à comité de lecture.
Pour les antennes relais, les études, plus rares que pour le portable, sont objets de controverse. En France, la Fondation santé et radiofréquences (sante-radiofrequences.org) finance 26 projets de recherche sur les effets des radiofréquences sur la santé dans les domaines de l’épidémiologie, de la métrologie, dosimétrie et mesure de l’exposition, des sciences humaines et sociales, des études in vitro et des études expérimentales sur l’animal. Mais, selon le Pr André Aurengo, chef du service de médecine nucléaire de la Pitié-Salpêtrière (Paris), il sera très difficile d’obtenir, à court terme, des certitudes scientifiques. « Les auteurs d’Interphone (étude internationale épidémiologique sur les relations entre exposition au téléphone mobile et les tumeurs de la tête, NDLR) n’ont déjà pas réussi à se mettre d’accord sur l’interprétation que l’on peut faire de leurs études. Une étude épidémiologique spécifique sur les antennes relais est probablement impossible car les niveaux d’énergie sont trop bas. Les facteurs de confusion seraient considérables. La simple mesure de ce à quoi sont exposés les gens de manière rétrospective est impossible », estime-t-il. Il est nécessaire de pouvoir répliquer les études par des équipes indépendantes, insiste le chercheur. Ainsi, en 2006, la réplique suisse de l’étude TNO (étude néerlandaise réalisée en 2003) n’a pas permis de vérifier que le rayonnement émis par une station de base de téléphonie mobile UMTS entraînait des conséquences sur le bien-être. Quant au rapport Bio-Initiative sur les champs électromagnétiques, qui jugeait que les limites d’exposition étaient « inadéquates à la protection des personnes », il est également contesté, dernièrement par le Comité européen scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (SCENIHR).
• Le principe de précaution contre le principe d’attention
L’exposition aux ondes électromagnétiques provient essentiellement des portables. Si leur puissance d’émission est bien plus faible que celle des antennes relais, la puissance absorbée localement par l’organisme est cependant plus grande. Pour quantifier le niveau d’exposition, on utilise le DAS, débit d’absorption spécifique qui ne peut dépasser 2 watts par kilo (par arrêté du 8 octobre 2003). En France, le DAS des téléphones mobiles est obligatoirement mentionné dans leur notice d’utilisation. Comparées avec les portables, « pour lesquels aucun effet sanitaire n’a été établi pour un usage inférieur à dix ans, les antennes génèrent une exposition qui est de 100 à 100 000 fois plus faible », indique le Pr Aurengo. Quand l’utilisation d’un téléphone portable justifie l’application du principe de précaution ( « L’hypothèse d’un risque ne pouvant pas être complètement exclue », souligne le ministère de la Santé), les antennes relais relève plutôt du « principe d’attention », un principe évoqué par l’épidémiologiste Denis Zmirou dans un rapport de 2001. Ce principe n’avait pas de motivation sanitaire mais il était destiné à répondre à l’inquiétude des riverains.
- Les mesures de précaution : limitation de l’usage du portable dans les zones de mauvaise réception, éviter les longues conversations, utiliser un kit mains libres, limiter au strict minimum l’utilisation chez les enfants. La secrétaire d’État à l’Écologie se dit favorable à une interdiction du portable pour les jeunes de moins de dix ans et souhaite le lancement d’un téléphone portable qui ne pourrait être utilisé qu’avec une oreillette.
- Les mesures d’attention : implantation des antennes relais à distance des écoles, des hôpitaux, des crèches, etc. Contrainte difficilement réalisable en ville, l’Association française des opérateurs mobiles a élaboré, avec l’Association des maires de France (AMF), un guide des relations entre opérateurs et communes. Signé en 2004 et actualisé en 2007, il réunit « les engagements volontaires des opérateurs en matière d’information, de concertation, et de préservation des paysages ». Mais la pollution permanente subie que constituent les antennes relais reste très mal acceptée par les riverains.
• L’électrohypersensibilité
Certaines personnes imputent aux champs électromagnétiques des symptômes tels que des maux de têtes, des difficultés d’endormissement ou de concentration, des palpitations, etc. « Ces troubles sont tous subjectifs. Ils sont sérieux et peuvent être extrêmement handicapants. Comme l’OMS, je pense qu’à cet égard on peut les qualifier de problèmes de santé, estime le Pr Denis Zmirou. Un très grand nombre d’études ont montré que les personnes hypersensibles réagissaient beaucoup plus aux différents tests que les personnes ne déclarant pas de symptômes. Mais ces personnes réagissent indifféremment qu’il y ait ou non des champs électromagnétiques de quelque nature que ce soit. Ce ne sont pas les ondes électromagnétiques qui sont à l’origine des troubles mais un état de fragilité, d’anxiété ». Pour le Pr André Aurengo, il serait nécessaire de reconnaître l’électrohypersensibilité comme une affection psychosomatique afin de mieux la prendre en charge. « Et pourquoi pas la considérer comme une maladie somatopsychique ? », suggère le biologiste Joël de Rosnay. Le Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association santé environnement de Provence, regrette de son côté que l’électrohypersensibilité ne soit pas reconnue comme un handicap à part entière, à l’image de la Suède. Plus généralement, il souligne le manque de formation des médecins français sur les problèmes de santé environnementale.
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