Xavier Bertrand à la tête de l’UMP

Un remaniement inéluctable

Publié le 10/12/2008
Article réservé aux abonnés
1276111304F_600x_20798_IMG_5527_1228968224546.jpg

1276111304F_600x_20798_IMG_5527_1228968224546.jpg
Crédit photo : AFP

NICOLAS SARKOZY n’a pas précipité les choses. Il est aussi patient avec ses ministres encombrants qu’il est prompt à les juger. Il ne manque jamais de les tancer, il n’en a limogé aucun. Il n’a pas caché pour autant qu’il envisageait un remaniement pour le début de l’année prochaine et cet événement semble devoir se confimer. Moins parce que le président est lassé par certains de ses ministres que parce que l’occasion d’un changement d’équipe est fournie par trois faits : secrétaire d’État aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet a été nommé à la tête de l’Autorité des marchés financiers ; le plan de relance a exigé la nomination d’un nouveau ministre ; M. Bertrand doit quitter le gouvernement.

Le sort de Rachida Dati.

Le chef de l’État va donc tirer avantage d’une situation qui lui permet de refaçonner le gouvernement en recasant des ministres qui l’agacent et en désignant des personnalités plus proches de lui. On a tout lieu de penser que la ministre de la Justice, Rachida Dati, ne restera pas au gouvernement. Certes, elle a mené la réforme de la justice tambour battant mais elle prononce rarement la déclaration opportune au bon moment. Ce qui, avec le poste des Affaires sociales, fait que deux gros ministères doivent être pourvus et même trois si Brice Hortefeux, comme on le laisse entendre, quitte ses fonctions de ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale. On sait aussi que Rama Yade ne souhaite pas rester au poste de secrétaire d’État aux Droits de l’Homme. Elle s’y est trouvée constamment en porte-à-faux par rapport à la realpolitik de M. Sarkozy. De sorte que les deux secrétariats rattachés au ministre des Affaires étrangères doivent être pourvus également.

M. Sarkozy en tirera-t-il la conclusion que, au point où il en est, il doit changer la totalité de son gouvernement ? Il n’est pas enthousiaste au sujet de Michèle-Alliot-Marie, pas vraiment fanatique de Christine Lagarde (Économie) et peut-être a-t-il des doutes au sujet de Christine Boutin (Logement et Ville) et de Christine Albanel (Culture). Il est très injuste à l’égard des femmes-ministres qui lui ont été parfaitement loyales mais qu’il a soumises à ses propres changements de cap. Il leur reproche des déclarations maladroites alors que, souvent, elles se sont contentées de dire une vérité qu’il fallait taire. Ce n’est pas simple de travailler avec lui. Mais un poste de ministre est, par nature, le plus périlleux qui soit ; celui qui ocupe une telle fonction sait qu’elle n’est pas durable et ne s’attend jamais à être promu, même s’il a bien travaillé. Ministre, c’est la précarité.

M. Sarkozy, qui a donc la possibilité de remanier le gouvernement en profondeur, gardera le souci de poursuivre l’ouverture. On attend par exemple l’arrivée au gouvernement de Claude Allègre, ancien ami de Lionel Jospin et ancien ministre de l’Éducation. Les femmes sont difficiles à trouver, d’autant que les Premiers ministres en usent beaucoup (rappelez-vous les ministres-femmes d’Alain Juppé qui ont toutes disparu dès le premier remaniement). Le président souhaite garder Rama Yade au gouvernement, mais elle a exprimé le souhait de participer aux élections européennes de l’année prochaine, autre grand rendez-vous politique, puisqu’il permettra d’établir le rapport droite-gauche tel qu’il a évolué depuis les élections de 2007.

Dès lors que la configuration du nouveau gouvernement sera très sensiblement différente de celle de l’ancien, M. Sarkozy ira-t-il jusqu’à changer de Premier ministre ? On écrit partout, depuis la rentrée, que les deux hommes s’entendent beaucoup plus qu’auparavant et que le président estime maintenant que François Fillon « a compris ». Qu’il a compris quoi ? Il doit s’agir d’une question de forme, non de fond ; ce que le président attend du Premier ministre, c’est une attitude moins compassée plutôt qu’une autre lecture politique. M. Sarkozy commettrait une erreur s’il se séparait de M. Fillon et c’est aussi vrai aujourd’hui, en pleine crise économique, que ce l’était quand le président divorçait, se remariait et portait des montres en or. La qualité de M. Fillon, c’est qu’il n’est pas vraiment le vassal de M. Sarkozy, qu’il a des qualités diamétralement opposées à celles du président et que pour les Français, son austère présence atténue l’impression d’intense agitation présidentielle.

SARKOZY A ÉTÉ PLUTÔT INJUSTE AVEC LES MINISTRES-FEMMES

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 8478