Dans son dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », l'agence Santé publique France se félicitait d'une tendance à la baisse du nombre de nouveaux cas de séropositivités au VIH (-7 %) et d'une augmentation du nombre de dépistages (+11 %) en 2018 par rapport à l'année précédente. Dans un avis publié ce mercredi 27 novembre, le Conseil national du sida (CNS) ne partage pas cet optimisme et critique la manière dont le dépistage est organisé en France.
« La portée des chiffres concernant le dépistage est limitée », nous affirme le CNS contacté par « le Quotidien ». En 2016, le CNS avait recommandé un changement de paradigme : passer d'un dépistage généralisé (tout le monde doit être dépisté au moins une fois dans sa vie) à un dépistage communautaire. « Les acteurs communautaires se sont bien emparés de la question, affirme-t-on au CNS, mais la réponse publique n'a pas du tout suivi. »
Une offre de dépistage trop médicalisée
Dans son avis, le CNS estime que l'offre de dépistage demeure, en dehors de l'offre communautaire de TROD (test rapide d'orientation diagnostique), « excessivement médicalisée, en ce qui concerne la prescription des tests comme le rendu du résultat ». Le CNS estime que les conditions de communication des résultats gagneraient à être « assouplies », avec une délégation du rendu des résultats négatifs à des personnels non-médecins, mais en mesure d'orienter le cas échéant vers la PrEP (prophylaxie pré-exposition). En parallèle des offres spécialisées et communautaires, le CNS préconise également d'associer des acteurs généralistes dans l'accès au dépistage via la réalisation de TROD : médecins de ville, sages-femmes, pharmaciens…
À ce titre, le CNS « note avec beaucoup d'intérêt » l'expérience « Au labo sans ordo » qui permet, à Nice et à Paris, un dépistage en laboratoire gratuit et sans ordonnance. « S'il est trop tôt pour disposer d'éléments d'évaluation de ces expérimentations, il conviendra, si celles-ci sont concluantes, d'envisager sans délai la généralisation du dispositif », peut-on lire dans l'avis.
La déclaration obligatoire de moins en moins exhaustive
Les experts du CNS tirent également la sonnette d'alarme au sujet de la dégradation progressive de l'exhaustivité des déclarations des infections par le VIH aux autorités. Depuis 2015, le dispositif de déclaration obligatoire s'est engagé dans un processus de dématérialisation via l'application dédiée e-DO mise en place par Santé publique France. Cette évolution s'est accompagnée d'un « désengagement d'une partie des professionnels de santé ». Seulement 40 % des cas diagnostiqués par les cliniciens, et 68 % de ceux diagnostiqués par les biologistes, sont effectivement déclarés. « Une partie des déclarations effectuées sont en outre incomplètes », alertent les membres du CNS qui craignent que des résultats fragilisés n'autorisent pas une « adaptation éclairée des politiques de santé ».
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