DC10 D’UTA (170 morts en 1989), Concorde d’Air France (113 morts en 2000), Boeing 737 de Flash Airlines (148 morts en 2004) : après chacune de ces catastrophes aériennes, le Pr Dominique Lecomte, directrice de l’IML (Institut médico-légal) de Paris, a dirigé les équipes de légistes pour procéder à l’identification des victimes. « Des missions toujours longues et complexes, se souvient-elle, qui nécessitent un plateau technique complet et une grande rigueur méthodologique avec, à chaque fois, des situations très différentes et une grande diversité de lésions intriquées (écrasement, brûlure, intoxication, blast, effet de décélération). »
À la clé, l’identification est généralement menée à bien pour tous les corps, la catastrophe d’UTA faisant seule exception : à l’époque de l’enquête, le marquage génétique n’était pas effectué. Dans le cas du crash du vol de l’Airbus, les légistes devraient donc être en mesure de conclure leurs recherches, en observant un protocole désormais bien établi autour du recueil de cinq critères :
– données morphologiques (taille, corpulence, sexe, âge, couleur, cheveux, pilosité) ;
– existence de prothèses, implants chirurgicaux, cicatrices, piercings ou tatouages ;
– examen dentaire (schéma anatomique, dents absentes, amalgames, obturations...)
– relevé des empreintes digitales
– prélèvements en vue d’une identification ADN (à partir d’éléments osseux, de tissus de la peau, ou des muscles, ou des cheveux).
Sur le plateau technique installé sur la petite île de Fernando de Noronha, située à 360 km de la côte brésilienne, opèrent des équipes de médecins, radiologues, et odontologistes, en étroite association avec les services de l’identité judiciaire d’Interpol, pour corréler les données collectées post-mortem avec les éléments ante-mortem tirés des dossiers médicaux. Ce n’est qu’à l’issue de l’ensemble des recherches que les restes seront présentés aux proches.
Pour aboutir, le protocole devra se dérouler sans céder à la précipitation, quelle que soit la pression exercée par les familles et les impératifs liés à l’état des corps. Si l’eau, observe la directrice de l’IML, assure généralement de bonnes conditions de conservation, le passage à l’air s’accompagne immédiatement d’une accélération rapide du processus de décomposition.
Outre les recherches destinées aux identifications, les médecins légistes vont aussi s’attacher à réunir tous les indices pour déterminer les causes directes de l’accident : projectiles, lésions de polycriblage, de brûlure, de souffle, de compression, d’enfouissement. Soigneusement localisées sur les corps, ces lésions devraient fournir des arguments précieux sur les circonstances ayant abouti à la chute de l’Airbus (décompression brutale, explosion, perte de contrôle).
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