Cocorico ! La France n'a plus de concurrente pour accueillir les JO en 2024 ! Mais la compétition sera beaucoup plus âpre pour rapatrier chez nous le siège de l'EMA, l'Agence Européenne du médicament en 2019… Les 27 États restant dans l'UE après le départ du Royaume-Uni avaient jusqu'à lundi minuit pour présenter une candidature unique pour chaque agence. Or pas moins de 23 villes se sont portées candidates pour accueillir les deux agences européennes qui vont quitter Londres à la suite du Brexit : l'Agence du médicament et l'Autorité Bancaire Européenne (ABE). Et la première suscite davantage de convoitises, puisqu'elle intéresse une petite vingtaine de métropoles.
[[asset:image:11951 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":["UE"],"field_asset_image_description":[]}]]La concurrence sera donc rude pour l'AEM, qui compte près de 900 employés soit 700 de plus que l'ABE, en charge l'évaluation scientifique, la supervision et les contrôles de sécurité pour les médicaments à usages humains et vétérinaires commercialisés dans l'UE. Ainsi la France a proposé Lille. L'Allemagne suggère que ce soit Bonn. Quatre États membres ont fait le choix de proposer une seule ville pour les deux agences : la Belgique, l'Irlande, l'Autriche et la Pologne, qui avancent leurs capitales respectives. Et on retrouve également sur la liste Amsterdam, Athènes, Barcelone, Bratislava, Bucarest, Copenhague, Helsinki, Milan, Porto, Sofia, Stockholm, Malte et Zagreb.
Les atouts mis en avant par la candidature française...
Parmi les villes candidates, chacune tente de présenter ses plus forts atouts. Le dossier de Lille (voir son site internet) est vendu par le président Macron lui-même qui, en VRP de luxe, explique que "la candidature lilloise présente toutes les qualités pour assurer un fonctionnement continu et efficace, dans un environnement attractif et connecté, de cette agence si importante pour l’Europe." Le chef de l'Etat assurant par ailleurs de son implication personnelle pour que la transition se fasse dans les meilleures conditions si Lille devait être retenue. Mais l'argument massue des Français est celui de la centralité et de la proximité. Comme Agnès Buzyn le martèle, Lille est en effet "la ville européenne la plus proche de Londres" et, plus encore que l'excellence de la recherche sur notre territoire ou le dynamisme économique de la région, la candidature française met en avant quatre aéroports à moins de deux heures, l'Eurostar, et un projet de construction confié à Bouygues Immobilier, situé en plein centre de la Capitale des Hauts de France. Avec ses 30 000 m2, le "Biotope" sera plus grand que le siège londonien de Canary Warf et il sera prêt à ouvrir ses portes le 30 mars 2019… La France loue enfin dans un clin d'œil son "art de vivre" : apéritif en terrasse et fromage. Et sa video teste un slogan de campagne pour Lille : "EMA, we are wainting for you," répètent de bon cœur, agents immobiliers, scientifiques, restaurateurs ou écoliers !
La vidéo de la candidature Lilloise
... Et par ses 18 rivales !
Les autres dossiers alternent le sérieux et l'humour. "Nous aussi nous avons une reine chic", lancent les Néerlandais dans leur clip vantant les mérites d'Amsterdam et de ses fish and chips. Malte et la Pologne font témoigner leurs expatriés. Les Premiers ministres irlandais et danois jouant eux aussi les VRP. L'ambassadeur du Luxembourg à Bruxelles a présenté lui-même la candidature de sa ville mercredi, assurant que les Européens n'étaient pas des "vautours qui tournoient autour des tours de Londres, en attendant que ces emplois s'envolent vers nous". "Le centre financier du Luxembourg a (...) une relation fructueuse avec la ville de Londres et nous souhaitons vraiment que cela continue", a assuré George Friden. La video de Bonn joue sur le sérieux de la candidature de l'ex-capitale de la RFA, faisant intervenir le ministre de la Santé Hermann Gröhe, le patron de l'Agence du médicament allemande et le maire de Bonn. Le clip de Barcelone -sans parole- est plus fun, rappelant la vocation de la capitale catalane. Pendant que Milan présente "The Pirelli building", qui abriterait en plein centre l'institution européenne.
Le clip vidéo de Barcelone
Un processus décisionnel long et complexe
Patience… Les futurs sièges des deux agences seront décidés par un vote des 27 États membres le 20 novembre, selon une procédure compliquée. Chaque Etat membre disposera de six points à répartir lors d'un premier tour de vote : trois pour son premier choix, deux pour son deuxième, un pour le troisième. Si un site récolte trois points de la part d'au moins 14 États membres, il remporte la mise. Sinon, deux tours de vote supplémentaires peuvent encore être organisés, en gardant les candidatures les plus sollicitées à chaque fois.
D'ici à cette échéance, la Commission européenne sera chargée d'évaluer les candidatures jusqu'au 30 septembre, sans toutefois proposer de classement. Plusieurs critères ont été définis, outre la capacité d'être opérationnel dès le transfert, qui se fera avant le départ britannique de l'UE (au plus tard fin mars 2019) : l'accessibilité, la présence d'écoles, l'accès au marché du travail et aux soins médicaux. Un certain équilibre géographique dans la répartition avec les autres agences de l'UE devra aussi être respecté. Le vote aura lieu à bulletin secret.
Les enjeux sont importants, avec pour le ou les vainqueurs l'arrivée de centaines d'employés, leurs familles, et les retombées économiques qui en découlent. L'AEM, installée depuis 1995 dans le quartier d'affaires de Canary Wharf à Londres, a généré par exemple 30 000 nuitées d'hôtels pour ses nombreux visiteurs en 2015.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature