« L'imagerie anténatale est dominée par l'échographie, mais IRM et scanner ont depuis plusieurs années une place croissante dans les centres spécialisés de diagnostic prénatal. Et les besoins sont importants. C’est pourquoi la formation à l’imagerie prénatale fait désormais partie intégrante du cursus de l’internat des radiologues », explique la Dr Éléonore Blondiaux, CHU Armand-Trousseau, APHP.
Un examen opérateur-dépendant
« Avec actuellement environ 800 000 naissances par an, à raison de trois échographies de dépistage proposées par grossesse, l’imagerie anténatale représente une grosse demande. Ce d’autant que le nombre d’échographies prescrites en plus des trois recommandées a nettement augmenté depuis 20 ans. Ainsi la fréquence des grossesses ayant bénéficié de plus de 3 échographies est passée de 48,5 % en 1995 à 74,7 % en 2016 (1) », souligne la Dr Blondiaux.
Pour faire face aux besoins, les sages-femmes ont, depuis quelques années, la possibilité de réaliser des échographies de dépistage. Mais l’échographie reste un examen opérateur-dépendant et, dans un contexte d’augmentation globale de l’obésité, elle peut être limitée chez les femmes en surpoids.
D’où la question qui se pose aujourd’hui : peut-on envisager de remplacer l’échographie de dépistage par une IRM de dépistage dans les années à venir ? En effet, l’IRM donne une vision globale, sans irradiation (au contraire du scanner) avec la possibilité de stocker les volumes acquis et d’en faire une lecture a posteriori.
Si l’idée est séduisante, elle n’est pas envisageable aujourd’hui, d’abord parce que le parc en IRM est très insuffisant et que la technologie ne permet pas encore d’obtenir une résolution spatiale en IRM équivalente à celle d’une échographie réalisée dans de bonnes conditions, ni d’acquérir des volumes globaux avec une durée assez réduite pour que le fœtus ne bouge pas pendant l’acquisition.
Diagnostic et bilan pré-opératoire
Aujourd’hui l’IRM fœtale et obstétricale est utilisée en troisième intention, le plus souvent après une échographie de dépistage ayant mis en évidence des anomalies, suivie d’une échographie de référence ayant confirmé leur nature et affiné le diagnostic. L’IRM permet alors de préciser le diagnostic et/ou d’effectuer un bilan pré-opératoire. L’indication est au préalable discutée en réunion multidisciplinaire, dans un centre de diagnostic prénatal.
Chez le fœtus, l’IRM est le plus souvent réalisée pour analyser des anomalies cérébrales, des malformations pulmonaires, du tube digestif et plus largement de l’abdomen et de la filière urogénitale.
De nouvelles techniques se développent, en particulier dans le domaine de l’imagerie cérébrale fœtale. L’imagerie de diffusion, avec des techniques de tracking de fibres (tenseur de diffusion), permet de voir les circuits neuronaux chez le fœtus ou d’estimation le retentissement d’un retard de croissance d’origine vasculaire.
Le scanner est pour sa part surtout utilisé dans les maladies osseuses constitutionnelles, avec des protocoles d’irradiation adaptés pour délivrer des doses plus faibles possibles.
Tous ces progrès réalisés en imagerie anténatale participent largement au développement de techniques opératoires de pointe, telles les interventions in utero sur les myéloméningocèles dans le cadre du projet PRIUM à l’hôpital Trousseau.
Entretien avec la Dr Éléonore Blondiaux
(1) Blondel et al., Trends in perinatal health, 2017
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