Autre objectif de ces nouvelles recos sur l’anaphylaxie :
« Sensibiliser au diagnostic précoce de cette réaction d’hypersensibilité sévère potentiellement fatale, à l’identification de ses facteurs de risque et aux particularités liées à l’âge. » Car la situation n’est clairement pas la même chez un enfant ou un adulte.
Sur le plan étiologique, chez les enfants, l’origine alimentaire est impliquée dans trois quarts des cas tandis que chez les adultes les causes médicamenteuses et les venins y contribuent aussi. « Ce sont des données dynamiques à intégrer », indique le Dr Pouessel (Roubaix). Chez l’enfant, les aliments le plus souvent en cause sont l’arachide, les pistaches, les noix de cajou, les protéines de lait de vache et l’œuf alors que des sources très variées dont les crustacés et les végétaux sont plus souvent impliqués chez l’adulte avec parfois des anaphylaxies retardées aux viandes, survenant jusqu’à 6 heures après l’ingestion.
Les plus néfastes chez l’adulte sont l’arachide et les fruits à coques (2/3 des cas mortels). La dose ingérée déclenchante entre aussi en ligne de compte : elle est de l’ordre d’une cuillerée à café chez l’enfant et d’une tasse à une assiette chez l’adulte.
Plus de cofacteurs chez l’adulte Hors l’exercice physique, le poids des cofacteurs pèse peu chez l’enfant alors que chez l’adulte, les notions de fatigue, de stress, d’alcool ou d’effort sont importantes dans le déclenchement de l’anaphylaxie. « Dans 75 à 80 % on retrouve un facteur associé ou un médicament : antibiotiques, bêta-bloquant, IEC, sartan ou AINS/aspirine », a souligné le Dr Jean-Marie Renaudin (épinal). En termes de comorbidités, l’asthme et les pathologies respiratoires chroniques constituent un facteur de risque fort. Ainsi les manifestations respiratoires sont présentes dans plus de 3/4 des cas d’anaphylaxie alimentaire lorsque le patient est déjà asthmatique. Enfin, l’asthme est fréquemment retrouvé en cas d’anaphylaxie mortelle, soit entre 28 % et 87 % des cas.
Tableau trompeur chez l’enfant Le diagnostic d’anaphylaxie est clinique et repose sur les critères de Sampson mais les symptômes diffèrent selon les âges. Pour les plus jeunes, les signes digestifs et respiratoires sont au premier plan, ce qui peut être trompeur, alors que les signes cardio-vasculaires prédominent chez l’adulte et l’ado. Les signes cutanés à type d’urticaire, d’œdème ou d’érythème diffus sont quasi constants.
Le pronostic varie aussi avec l’âge. « Chez l’adulte, les complications cardio-vasculaires expliquent le pronostic péjoratif », ajoute le Dr Renaudin. L’adolescent est à risque car peu respectueux des évictions, souvent moins rigoureux avec l’équilibre de son asthme, surtout si se surajoutent l’exercice et la non-disponibilité à portée de main de l’adrénaline auto-injectable. Le registre européen pointe une sévérité plus importante chez l’enfant avec des grades III, comportant un choc, plus fréquents que chez l’adulte. Les admissions en hospitalisation pour anaphylaxie chez l’enfant ont augmenté régulièrement entre 1998 et 2002 : elles ont doublé pour l’âge pédiatrique entre 0 et 4 ans. Les décès de cause anaphylactique sont heureusement rares : un pour 10 millions d’enfants. Le CépiDC, qui recense toutes les causes de décès, fait état de 43 décès entre 1974 et 2014.
À chaque âge son anaphylaxie
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