LES PERTURBATIONS du sommeil (quantité, qualité, anomalies) favorisent la survenue, l’installation ou le mauvais contrôle d’une hypertension artérielle (HTA). « Certaines personnes, dont la durée de sommeil est très courte, et qui dorment moins de 5 heures par nuit, doublent leur risque de développer une hypertension par rapport à celles qui dorment plus de 7 à 8 heures. Les patients insomniaques triplent ce risque. Et ceux qui combinent une durée de sommeil très courte à de l’insomnie et à des problèmes d’endormissement, ont un risque quintuplé de devenir hypertendus », souligne le Pr Jean-Jacques Mourad, président du CFLHTA.
D’après l’enquête FLAHS 2010*, moins de 2 % des hypertendus ont une durée de sommeil inférieure à 6 heures mais 40 % ont une durée inférieure à 8 heures. Les ronflements sont plus souvent observés chez les hypertendus que dans la population en général (33 % contre 24). Quant aux signes de somnolence diurne excessive, ils sont observés chez 12,2 % des sujets hypertendus contre 10,9 % de la population non hypertendue.
Aucun doute : les personnes ayant un sommeil de mauvaise qualité (difficultés d’endormissements, réveils fréquents) sont plus souvent atteintes d’HTA. Un fait démontré par des études récentes comparant des gros et des petits dormeurs atteints d’HTA. « Les études ont montré que le risque d’événements cardiovasculaires chez les sujets hypertendus qui dormaient moins de 7 h 30 était augmenté de 68 %. Pour les patients hypertendus qui combinent une faible durée de sommeil à une pression artérielle qui ne baisse pas durant la nuit, ce risque est augmenté de 446 % », précise le Pr Mourad.
Dépister l’apnée du sommeil.
Autre trouble pouvant être associé à l’HTA : le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), qui se définit par des pauses respiratoires fréquentes pendant le sommeil pouvant aller jusqu’à une minute. La concentration en oxygène dans le sang baisse et le cerveau réagit en élevant la pression artérielle.
On estime que de 30 à 40 % des hypertendus seraient atteints d’apnée du sommeil. Selon l’enquête FLAHS, 1,1 % de la population générale est traitée pour ce trouble du sommeil contre 2,7 % des patients ayant une hypertension isolée et 10,9 % de ceux qui allient hypertension, diabète et dyslipidémie. De même, de 50 à 80 % des hypertendus résistants aux traitements pourraient avoir un SAOS. « Les apnéiques sévères peuvent faire de l’apnée plus de 30 fois par heure. Une fois toutes les deux minutes, ils ont des microréveils. Chez ces sujets, la pression artérielle reste élevée durant la nuit : tout se passe comme s’ils étaient réveillés tout le temps », indique le Pr Mourad.
Enfin, 9 apnéiques sur 10 ignorent qu’ils sont atteints. Pourtant, les signes pour dépister un apnéique sont connus : ronflements, réveils fréquents, troubles de la sexualité, fatigue dès le réveil, somnolence excessive, tendances à la tachycardie… « Les médecins – notamment les généralistes – doivent penser plus souvent à dépister l’apnée du sommeil. Ces troubles du sommeil chez les hypertendus restent encore trop méconnus », conclut le Pr Mourad.
* L’enquête FLAHS 2010 a été réalisée par le CFLHTA, avec la collaboration de Kantar Health France, en juin 2010, par voie postale chez 3 718 individus de 35 ans et plus, vivant en France métropolitaine.
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