Avec une prévalence ponctuelle de 5 à 10 % et une prévalence cumulée de 60 à 90 %, les lombalgies sont fréquentes et se placent au premier rang des pathologies en termes de retentissement fonctionnel.
Si dans l’esprit de nombreux patients et praticiens leur survenue répond surtout à des facteurs de risque mécaniques, en population féminine, le déterminisme des lombalgies disco-vertébrales communes est en fait multiple. « Il existe toute une cohorte de facteurs de risque tels la sédentarité, le surpoids, le tabagisme, mais aussi le milieu professionnel générateur de stress, de contentieux, d’insatisfaction et de charge de travail et/ou de contraintes physiques trop importantes », énumère le Pr Johann Beaudreuil (hôpital Lariboisière, Paris). Ainsi, le modèle dit « bio-psycho-social » joue à plein dans la survenue d’une lombalgie disco-vertébrale commune, mais aussi dans sa chronicisation. « Les profils des femmes chez qui la lombalgie disco-vertébrale commune est particulièrement à risque de chronicisation, ajoute-t-il, recoupent ceux impliqués dans la survenue même de la lombalgie, la grande majorité faisant partie du champ des facteurs psychosociaux. »
Des peurs et des croyances inadaptées
Mais, « un autre groupe de facteurs de chronicité très important et souvent négligé est l’ensemble des peurs et croyances inadaptées ». Certaines idées reçues peuvent induire une inquiétude ou des comportements non propices à la récupération et au suivi des conseils de reprise ou de maintien des activités. L’attribution d’un caractère néfaste à l’activité physique, d’une valeur thérapeutique au repos, etc. sont des exemples de peurs et croyances inadaptées.
Les facteurs de risque de chronicité psychosociaux sont potentiellement réversibles et, de ce fait, constituent l’argumentaire en faveur de la prise en charge multidisciplinaire des lombalgies chroniques invalidantes chez ces femmes. « On conçoit facilement qu’en situation de détresse psychologique, d’anxiété ou de dépression, les patientes soient découragées, dévalorisées et perdent toute initiative, poursuit le Pr Beaudreuil. Or, pour favoriser l’amélioration d’un patient lombalgique, sa collaboration active, si ce n’est son initiative, est essentielle à la récupération. Cela peut en effet paraître surprenant au premier abord de s’enquérir de ses conditions de travail ou de son état psychologique. Il est pourtant essentiel de s’y intéresser et de prendre en compte ces aspects psychosociaux car ils peuvent avoir un impact sur l’histoire naturelle de l’affection. » Si la majorité des lombalgies disco-vertébrales communes trouvent une issue favorable dans le cadre de soins et d’un suivi en cabinet de ville, les formes les plus lourdes doivent être orientées en centre de rééducation pour une prise en charge par des équipes multidisciplinaires.
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