Reconnue efficace dans certaines indications par l'Académie de médecine et la Société française d'anesthésie-réanimation, l'hypnose médicale est de plus en plus utilisée pour soulager les douleurs, qu'elles soient aiguës ou chroniques. « Ce n'est pas une spécialité en tant que telle mais un soin de soutien qui vient en complément d'autres thérapies », indique le Dr Philippe Houssel, médecin anesthésiste et directeur pédagogique de l'institut Émergences à Rennes, un institut de formation en Hypnose et Communication.
Selon lui, l'hypnose doit être pratiquée par des professionnels de santé « car il est important de savoir ce qu'est un malade et ce qu'est la douleur ». De plus, un examen clinique doit être fait dès le premier entretien pour s'assurer que les douleurs n'ont pas une cause organique pouvant être prise en charge différemment. Enfin, « l'hypnose n'étant qu'un geste thérapeutique parmi tout un arsenal thérapeutique, il est impératif de connaître l'ensemble des possibilités, médicamenteuses ou non, de traitement de la douleur », ajoute-t-il.
Génogramme
Pour garantir son efficacité, l'hypnothérapie doit se faire sur plusieurs séances. Le premier entretien sert à recréer l'histoire de la maladie avec le patient, en l'interrogeant sur les facteurs déclenchants, les traitements déjà mis en place et les médecins déjà consultés. « C'est également l'occasion de replacer le patient dans son système de vie », indique l'anesthésiste, c'est-à-dire de connaître ses relations sociales et professionnelles, mais également familiales en établissant son génogramme. Le génogramme est un outil qui permet de mieux appréhender les relations que le malade entretient avec sa famille élargie, à identifier d'éventuels conflits et, « surtout, à rechercher d'éventuels problèmes de deuils mal faits ou mal dits, insiste le médecin, car tout cela peut générer des troubles et des douleurs chroniques ».
Le thérapeute détermine ensuite, avec le malade, la stratégie thérapeutique à adopter. « Selon les éléments de vie du patient et les douleurs ou troubles présentés, les techniques seront différentes mais elles ont le même objectif : remettre le patient en mouvement, indique le Dr Houssel. Certaines vont redonner de la légèreté au malade pour le remettre en mouvement ; d'autres seront purement analgésiques pour lui amener du confort en diminuant l'intensité ou la fréquence des crises douloureuses », ajoute-t-il.
Autohypnose
Le patient doit également être formé à l'autohypnose, pour pouvoir effectuer un travail seul et pratiquer des séances lorsqu'il en a besoin. « Cela permet de lui amener de la sécurité et du confort, précise l'anesthésiste. Mais également de faire de la distorsion temporelle à visée analgésique, c'est-à-dire de lui permettre de modifier sa perception du temps pour avoir une sensation d'épisodes douloureux plus courts et de périodes de calme et de confort plus longues », ajoute-t-il.
Selon le Dr Houssel, l'hypnose médicale est particulièrement efficace chez les migraineux : « il y a une diminution des fréquences et de l'intensité des migraines ». Elle peut l'être chez les patients fibromyalgiques et sur les lombalgiques, « même si c'est, dans ce cas, plus compliqué », concède-t-il.
« Je suis toujours très étonné de la puissance de cet outil et des modifications que l'on peut apporter chez le patient, souligne le Dr Houssel. C'est donc une technique qui doit être pratiquée avec prudence et professionnalisme, toujours dans le respect du patient et avec le patient », ajoute-t-il.
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