L’étude randomisée VITAL (Vitamin D and Oméga-3 Trial) a évalué, en double aveugle et contre placebo, l’effet d’une association fixe d’acides gras oméga-3 à base d’huile de poisson constituée de 460 mg d’acide eicosapentaénoïque, ou EPA, et de 380 mg d’acide docosahexaénoïque, ou DHA, correspondant à 1 gélule de 1 gramme d’Omacor. Elle a inclus 25 871 patients en prévention CV primaire, définis comme à haut risque CV (âgés d’au moins 50 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes). Il n’y avait pas de critères lipidiques d’inclusion.
Pas de baisse du risque CV et de cancers
Au terme d’un suivi médian de 5,3 ans, l’incidence des événements du critère primaire (décès CV, infarctus du myocarde non fatals, AVC non fatals) n’a pas été significativement différente d’un groupe à l’autre : 386 événements dans le groupe sous oméga-3, et 419 dans le bras placebo (HR : 0,91 ; IC95 % : [0,80 – 1,06] ; p = 0,24). L’incidence des cancers n’a pas non plus été différente (820 sous oméga-3 et 797 sous placebo ; HR : 1,03 ; IC95 % : [0,93 – 1,13] ; p = 0,56), ni celle des décès par cancer (978 au total ; HR : 1,02 ; IC95 % : [0,90 – 1,15]).
Plusieurs analyses de sous-groupes ou par critères, qui ne doivent être considérées que comme exploratoires et sources d’hypothèses à confirmer, ont été réalisées. Elles suggèrent que le traitement pourrait être bénéfique pour certains sous-groupes, celui par exemple des patients déclarant consommer peu de poisson, et/ou qu’il pourrait significativement réduire certains événements, comme l’infarctus du myocarde.
Un nouvel échec ?
L’étude VITAL constitue un nouvel échec à démontrer que les acides gras oméga-3 pourraient réduire le risque d’événements CV majeurs, notamment lorsque la dose est de faible à moyenne et qu’ils sont associés à de l’EPA et de la DHA. Les résultats de cette étude, menée à très large échelle, sont parfaitement concordants avec ceux d’une méta-analyse récente publiée par Cochrane et ceux de l’étude ASCEND publiée en septembre dernier, portant sur 15 480 patients ayant un diabète.
En revanche, ces résultats sont en contradiction avec ceux de l’étude REDUCE-IT, ce qui laisse penser que le type d’oméga-3 utilisé (exclusivement EPA dans REDUCE-IT) et la dose (élevée dans REDUCE-IT) jouent un rôle majeur dans un éventuel bénéfice de la supplémentation en oméga-3.
Manson JE et al. Marine n-3 fatty acids and prevention of cardiovascular disease and cancer. NEJM 2018 Nov 10. DOI : 10.1056/NEJMoa1811403
Article précédent
Le bénéfice d’une forte dose d’oméga-3 EPA
Article suivant
La dapagliflozine en prévention primaire et secondaire
Moins de risque de thrombose et de récidive d'infarctus
Une association à débuter dès la phase hospitalière
Ne pas stopper les traitements
Faut-il arrêter la supplémentation en vitamine D ?
Le bénéfice d’une forte dose d’oméga-3 EPA
EPA et DHA à faible dose, une association sans intérêt
La dapagliflozine en prévention primaire et secondaire
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature