Les troubles cognitifs légers concerneraient 40 à 70 % des patients atteints de sclérose en plaques (SEP), y compris dès les stades précoces; ils retentissent rapidement et de façon importante sur l’activité quotidienne, sociofamiliale et professionnelle.
Il est important d’expliquer au patient à quoi sont dues ces difficultés cognitives, qui sont très fréquemment intriquées avec d’autres facteurs confondants comme la fatigue, un des symptômes cardinaux de la maladie, l’anxiété et/ou la dépression souvent présente, les modifications de l’humeur et des émotions, la diminution de l’activité physique ou les effets secondaires des traitements.
« L’approche en MPR représente une réelle plus-value, complémentaire de l’abord neurologique, privilégiant une prise en charge globale très contextuelle avec des propositions concrètes adaptées au patient et faisant la part entre des éléments objectifs d’altération cognitive et les facteurs associés quasiment systématiquement présents », explique la Pr Jacquin-Courtois.
Poser les bonnes questions au bon moment
Dans cette prise en charge complexe, plusieurs questions sont essentielles : quel patient évaluer, pourquoi, quand et comment. L’évaluation cognitive n’a d’intérêt que si elle débouche sur des propositions. Il faut trouver le bon moment pour évoquer ces troubles cognitifs, à partir d’une plainte du patient ou d’une situation dans laquelle il s’est trouvé en difficulté. S’il ne faut pas sous-estimer ces plaintes dont les répercussions peuvent peut être majeures, en parler trop tôt en l'absence de retentissement peut se révéler anxiogène.
Parmi les tests neuropsychologique, il faut aussi choisir les bons outils d’évaluation pour faire la part des choses entre ce qui est dû à la maladie et ce qui ressort des troubles associés, anxiété, dépression, fatigue, effets secondaires des traitements. Le bilan doit aussi s’attacher à mieux comprendre le comportement de la personne, ses difficultés au quotidien, ses attentes et celles de son entourage. La prise en charge n'est pas univoque : entraînement cognitif afin de maintenir une bonne fonction cognitive et de limiter le retentissement fonctionnel, éducation thérapeutique, gestion de la fatigue avec des conseils et des stratégies adaptées, promotion d’une activité physique régulière sur mesure, thérapies cognitivocomportementales voire traitements pharmacologiques de l’anxiété ou de la dépression. Cette globalité de l’approche sera abordée dans la 2e partie de la journée du 13 octobre.
Diverses études seront présentées lors du congrès mais elles sont de petite taille et difficiles à mener vu la multiplicité des interventions proposées et des domaines cognitifs étudiés. On sait qu’il est indispensable de s’occuper des troubles cognitifsmais qu’il n’existe pas de solution unique. « Pour optimiser l’ensemble de ces ressources, il est essentiel d'être très global dans l’évaluation et la prise en charge, d’où l’importance des réseaux et de la collaboration neurologue/neuropsychologue/MPR », conclut la Pr Jacquin-Courtois. « Vu le caractère évolutif de la pathologie et la relative bonne autonomie du patient aux stades de début, la vigilance doit être précoce. Plus le médecin de MPR est impliqué tôt dans le parcours du patient et plus celui-ci bénéficiera de cette approche pluridisciplinaire ».
D’après un entretien avec la Pr Sophie Jacquin-Courtois, CHU de Lyon
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