Les femmes qui présentent un diabète gestationnel bénéficient aujourd’hui d’une prise en charge bien codifiée, qui se fonde sur un régime diététique, une surveillance glycémique, et sur une insulinothérapie si les objectifs glycémiques ne sont pas atteints avec les seules mesures hygiénodiététiques. Ce traitement permet de réduire les complications néonatales.
Les données colligées depuis de nombreuses années ont montré que le recours au glibenclamide, premier antidiabétique oral utilisé aux États-Unis, permet un contrôle de la glycémie maternelle équivalent à celui apporté par l’insuline, mais qu’il est associé à un nombre plus élevé de complications néonatales telles que macrosomie et hypoglycémies.
Le taux de complication néonatales comme critère primaire
Toutefois, dans tous les essais menés jusqu’alors, le critère principal de jugement était l’équilibre glycémique maternel et non le taux de complications néonatales.
A donc été mis en place un essai de non-infériorité comparant le glibenclamide et l’insuline en matière de prévention des complications périnatales. Cette étude multicentrique française, Indao, réalisée dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique, a randomisé 914 femmes, 460 dans le bras glibenclamide et 454 dans le bras insuline, avec un critère composite de jugement incluant la macrosomie, l’hypoglycémie néonatale et l’hyperbilirubinémie. Ses résultats viennent d’être publiés dans le Jama (1).
Les femmes étaient âgées de 18 à 45 ans et leur diabète gestationnel avait été diagnostiqué entre 24 et 34 semaines d’aménorrhée (SA). Celui-ci n’était pas équilibré (glycémie à jeun ≥ 0,95 g/l < 1,26 g/l et glycémie post-prandiale 2 heures ≥ 1,20 g/l) après un régime bien conduit.
Au cours de l’étude, 18 % des femmes recevant du glibenclamide ont été switchées pour de l’insuline (taux concordant avec les données de la littérature). Au total, l’analyse per protocole a porté sur 809 femmes, 367 traitées par glibenclamide et 442 par l’insuline.
La fréquence de survenue du critère composite a été de 27,6 % dans le premier groupe et de 23,4 % dans le second (p = 0,19). Cette différence était principalement due aux hypoglycémies néonatales, plus fréquentes chez les nouveau-nés de mères traitées par l’antidiabétique oral, alors qu’aucune différence entre les deux groupes n’a été retrouvée quant à la macrosomie ou l’hyperbilirubinémie.
Le contrôle glycémique a été meilleur chez les femmes sous glibenclamide, qu’il s’agisse des glycémies à jeun ou postprandiales, mais les hypoglycémies y ont été significativement plus fréquentes.
Exergue : L'insulinothérapie reste le traitement de référence après échec des seules mesures hygiénodiététiques
D’après un entretien avec la Pr Marie-Victoire Sénat (Le Kremlin-Bicêtre)
(1) Senat MV et al. JAMA. 2018 May 1;319(17):1773-1780
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