À quoi peut bien servir une médecine d’urgence européenne ? Voilà peut-être une question que se posent certains urgentistes français. « On peut leur donner une réponse très concrète. C’est sans doute grâce à l’Europe que notre toute nouvelle spécialité pourra, un jour, avoir un internat de cinq ans au lieu de quatre ans », indique le Pr Patrick Plaisance, chef du service des urgences de l'hôpital Lariboisière et membre du council de l’European Society for Emergency Medicine (EuSEM).
Dans le domaine de la formation, la situation européenne est très hétérogène. « Il y a des pays où la spécialité n’existe pas du tout, d’autres où il existe une spécialité en cinq ans. Il y a aussi des pays qui se trouvent dans la situation qui a été celle de la France pendant ces dernières années : la médecine d’urgence y est une supra-spécialité que passent, sur deux ans, des médecins issus d’une autre spécialité et, dans la grande majorité des cas, de la médecine générale », détaille le Pr Plaisance, en se félicitant de la mise en place, à partir de la rentrée 2017, du DES de médecine d’urgence en quatre ans (lire page suivante). « Mais, pour permettre à tous les médecins de pouvoir travailler dans n’importe quel pays européen, l’EuSEM a élaboré un curriculum européen de la médecine d’urgence en cinq ans. Et je suis persuadé que, grâce à ce curriculum, on pourra obtenir le passage de notre DES à cinq ans. Parce que, au bout d’un moment, nos tutelles devront faire en sorte d’harmoniser notre formation avec celle préconisée par l’Europe », souligne le Pr Plaisance.
Ce dernier fait partie des quelques médecins français qui, très tôt, ont estimé essentiel de s’investir dans la construction d’une médecine d’urgence européenne. « La France est plutôt bien représentée au sein de l’EuSEM. Le Dr Abdo Khoury, de Besançon, est actuellement vice-président et le Pr Abdel Bellou, ancien chef de service des Urgences de Rennes, est le président sortant. Nous avons des représentants dans beaucoup de commissions. Et au sein du council, la voix de la France compte triple, car avec les 2 000 médecins inscrits à la SFMU, nous avons un contingent très important », souligne le Pr Plaisance.
Selon lui, il existe deux raisons au faible intérêt des urgentistes français pour l’Europe : « Il y a d’abord la barrière de la langue. Il est incontestable que bon nombre de médecins français maîtrisent mal l’anglais et ont des réticences à participer à des sessions en anglais lors du congrès. Cependant, la jeune génération est beaucoup plus à l'aise et investie. Ensuite, il y a une raison historique. Au départ, la médecine d’urgence européenne a grandi sous l’aile de la médecine d’urgence américaine. Et c’est seulement depuis ces dernières années qu’elle a commencé à s’émanciper. Et sans doute que certains collègues attendent de voir l’importance que va prendre la dimension européenne de notre spécialité pour rejoindre le mouvement ».
D’après un entretien avec le Pr Patrick Plaisance, chef du service des urgences de l'hôpital Lariboisière et membre du council de l’European Society for Emergency Medicine (EuSEM).
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