Aujourd’hui en France, 15 millions de personnes souffrent d’arthrose et l’on estime qu’en 2030 un Français sur cinq sera concerné par la maladie. Les études rendent compte de la part importante de l’arthrose dans les douleurs chroniques - 30 % selon une étude menée en 2006 chez des patients de moins de 60 ans-, et de l’intensité de la douleur qu’elle génère.
« À la différence des recommandations de 2009, explique le Pr Philippe Bertin (CHU Limoges), celles de 2014 concernent non pas un genou ou une hanche, mais le patient dans sa globalité en considérant le caractère unique ou multiple de l’arthrose et l’existence ou non de comorbidités ». Ces recommandations « plus personnalisées » (et également « très controversées »), se sont fondées sur l’analyse de la littérature, suivie d’une cotation de l’efficacité et des risques des prises en charge et de leur classement en « appropriées », « incertaines » ou « inappropriées ».
Dans les thérapeutiques inappropriées ou incertaines, on trouve l’acupuncture (incertaine), la balnéothérapie (jugée toutefois appropriée pour les patients avec comorbidités), la stimulation électrique neuromusculaire (non appropriée).
Canne, kiné, étirements… tous bénéfiques
Les interventions biomécaniques, essentiellement les orthèses, sont qualifiées d’appropriées ; l’utilisation d’une canne dont l’effet thérapeutique est estimé à 6, équivalent à celui des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), de même les exercices de kinésithérapie en décharge sont jugés appropriés. Les étirements, la kinésithérapie dans l’eau et l’éducation thérapeutique avec autogestion des symptômes sont autant de mesures qualifiées d’appropriées. Enfin la perte de poids est jugée très efficace ; une perte de 10 % du poids du corps permet de diminuer la douleur d’arthrose de 50 %.
Concernant les médicaments, l’efficacité du paracétamol est évaluée à 4,5/10. En l’absence de comorbidités, le risque lié au paracétamol est considéré comme tout à fait acceptable et sa prescription est appropriée. En revanche, en cas de comorbidités importantes, digestives ou cardiovasculaires, en prescription à fortes doses ou au long cours, le paracétamol a été jugé incertain. La prudence s’impose donc dans ces situations.
« Pour autant, l’intérêt du paracétamol n’est pas remis en cause, précise le Pr Bertin, il reste un très bon médicament pour lutter contre la douleur arthrosique. »
Les AINS ont été considérés comme dotés d’une bonne efficacité avec toutefois un risque d’autant plus élevé qu’il existe des comorbidités importantes, notamment cardiovasculaires ; les inhibiteurs sélectifs de la cox 2 sont considérés comme incertains en cas de comorbidités faibles, tandis que les autres AINS sont jugés inappropriés dans cette situation. Les anti-inflammatoires locaux sont appropriés dans l’arthrose isolée du genou, incertains en cas de polyarthrose.
Ont été considérés comme incertains ou inappropriés les anti-arthrosiques d’action lente et l’acide hyaluronique intra-articulaire.
La capsaïcine est appropriée dans l’arthrose du genou sans comorbidité ; en dehors de ce contexte elle est considérée comme incertaine. Les opioïdes transdermiques ou per os sont jugés incertains car leur efficacité est inférieure à 5 et leur risque non négligeable.
Les injections intra-articulaires de corticoïdes sont appropriés dans l’arthrose isolée ou multiple, avec ou sans comorbidités, avec un rapport bénéfice/risque favorable, en sachant toutefois précise le Pr Bertin que leur tolérance est moins bonne en cas de multiplication des injections.
La duloxétine a un rapport bénéfice/risque considéré comme bon, sauf en cas de comorbidités, et a donc été jugée appropriée. Un avis à prendre avec un certain recul, estime le Pr Bertin, étant donné le nombre d’essais limité sur lequel il s’appuie.
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