Censés assister les praticiens dans leurs prescriptions, les logiciels d’aide à la prescription (LAP) peuvent également agacer leurs utilisateurs en envoyant d’innombrables alertes. « Nous en recevons sans cesse, souligne le Dr François Lacoin (CMG). Si bien que beaucoup de médecins n’en tiennent pas compte ou parfois les déconnectent. » Avec le risque de louper certaines contre-indications.
« Les logiciels sont très mal fichus, abonde le Dr Claude Bronner, généraliste à Strasbourg et président de l’Union généraliste (FMF), exemple à l’appui. Je viens de prescrire à l’un de mes patients un demi-comprimé de metformine, une alerte m’a indiqué qu’il fallait que je m’assure que le patient était en mesure de casser le comprimé en deux. » Des prescriptions peuvent ainsi générer plusieurs dizaines d'alertes différentes.
De multiples paramètres
Ces critiques, « formulées depuis l’aube des temps », ont le don d’irriter Francis Mambrini, président de la Fédération des éditeurs d'informatique médicale et paramédicale ambulatoire (Feima). Celui-ci souligne que ces alertes répondent au référentiel de certification (un temps obligatoire mais devenue optionnelle) des LAP par la Haute autorité de santé. « Forts des reproches pointant les mécanismes d’alerte, nous avons fait en sorte que ceux-ci soient paramétrables », fait-il valoir. Et de fait, les médecins ont la possibilité d’activer seulement les alertes souhaitées, ainsi que de régler la façon dont elles apparaissent. « Elles peuvent être plus ou moins intrusives », précise Francis Mambrini, qui regrette la « mauvaise foi de certains médecins ».
Est-il toutefois si simple de paramétrer son logiciel métier ? « Il faut être programmeur de haut niveau », estime le Dr Bronner. « Il faudrait me laisser quinze jours de vacances, il y a des options partout et les éditeurs de logiciels ne nous assistent pas forcément pour les paramètres initiaux », lance quant à lui le Dr Thomas Bammert, généraliste à Guérande (Loire-Atlantique) et fondateur de KitMédical, un portail recensant l’ensemble des services numériques destinés à aider les généralistes dans leur pratique.
Selon le Dr Bammert, il faudrait impliquer davantage les médecins dans la création des logiciels médicaux. « J'ai emis beaucoup de suggestions d'amélioration auprès du programmateur de mon logiciel et très peu ont été prises en compte, regrette-t-il. Les éditeurs ont simplement entré dans leurs algorithmes les différentes interactions qui existent dans les dictionnaires médicaux et nous les rebalancent, sans hiérarchisation. Mais ce n'est pas exploitable dans notre pratique. »
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