Accréditation lourde, coûteuse et chronophage, financiarisation, baisse de l'attractivité : dans un rapport sur la biologie rendu début juin, les Académies nationales de médecine et de pharmacie dressent un constat presque aussi accablant que les syndicats. Elles énumèrent une quinzaine de recommandations pour « stabiliser » la biologie médicale après la restructuration massive* et « brutale » de ces dernières années, et surtout pour valoriser le rôle et l'expertise du biologiste dans la chaîne des soins.
Dans cette perspective, il faut commencer par « amplifier le partenariat » biologiste/prescripteur afin de choisir les analyses les plus pertinentes ou fixer la fréquence des bilans biologiques, plaident les deux Académies.
Autre urgence : mieux valoriser les compétences médicales du biologiste, notamment en dissociant la rémunération de la prestation intellectuelle fournie de celle de l’acte technique proprement dit. L'implication du médecin biologiste dans les actions de dépistage, de prévention et d’information du patient devrait également être mieux honorée.
Côté organisation, le rapport préconise d'assurer la présence physique obligatoire d'au moins un biologiste par site. Et pour garantir la qualité de la validation biologique, il est indispensable de fixer un nombre maximal d’actes qu’un même biologiste pourrait être autorisé à valider dans une même journée, peut-on lire.
Des stages dès le deuxième cycle
Pour renforcer l'attractivité de la profession, il convient de mieux faire connaître la spécialité en promouvant les stages en laboratoire dès le deuxième cycle des études médicales et pharmaceutiques, de diversifier la formation (management, nouvelles technologies) au cours du troisième cycle et d'améliorer la lisibilité des carrières hospitalo-universitaires. « La désaffection pour la biologie médicale est particulièrement marquée pour les étudiants en médecine, qui considèrent que l’exercice de la spécialité devient trop éloigné de la démarche médicale », se désole le rapport. De fait, en 2017, la biologie médicale a été l’avant-dernière spécialité choisie par les étudiants (devant la médecine et santé au travail) à l’issue des ECN.
Les Académies recommandent également de remplacer l'obligation d'accréditation des analyses rares ou très spécialisées par un autre processus d'évaluation plus approprié. Autre préconisation : alléger le contenu de l'accréditation, trop normatif, notamment en espaçant les visites et en « recentrant les contrôles sur les questions de bonne pratique plutôt que sur celles relevant d’un formalisme réglementaire à caractère administratif ».
Enfin, face à la financiarisation « croissante » du secteur, le rapport invite au respect strict de la loi de 2013 réformant la biologie mais aussi à la lutte contre les conflits d'intérêts et les abus de position dominante. Surtout, les Académies soulignent la nécessité de préserver un maillage territorial de proximité de la biologie médicale, au plus près des besoins du patient.
* La restructuration s'est traduite par une réduction considérable du nombre des structures, qui est passé de près de 5 000 laboratoires en 2008 à moins de 900 structures juridiques publiques ou privées aujourd’hui.
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