La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est sous diagnostiquée chez les seniors, plus encore chez la femme que chez l’homme. « Cela s’explique notamment par le fait que le patient âgé s’adapte à son handicap respiratoire en diminuant ses activités quotidiennes. En outre, la dyspnée est trop facilement attribuée à l’âge », souligne le Pr François Puisieux (CHRU de Lille).
En cas de dyspnée aiguë, l’examen clinique -essentiel- doit souvent être complété par des examens complémentaires : électrocardiogramme, radiographie du thorax, oxymétrie de pouls (et gaz du sang si cette dernière est anormale) et dosage du BNP. « Un BNP élevé oriente vers une étiologie cardiaque ; un BNP bas, vers une cause non cardiaque, mais les seuils chez le sujet âgé font l’objet de controverses », précise le Pr Puisieux. Par ailleurs, il faut toujours penser au syndrome d’inhalation, surtout chez un sujet qui a ou est susceptible d’avoir des troubles de déglutition (AVC, démence…).
Les principales causes de la dyspnée chronique sont cardiaques et/ou respiratoires. La dyspnée du sujet âgé atteint de maladie chronique est également liée au déconditionnement par défaut d’entraînement. « Le diagnostic passe par la connaissance des antécédents, l’interrogatoire, l’examen clinique. Certains examens complémentaires peuvent être nécessaires : ceux effectués pour la dyspnée aiguë mais aussi l’écho-Doppler cardiaque et les épreuves fonctionnelles respiratoires, qui, seules, permettent de poser le diagnostic de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) », ajoute le Pr Puisieux.
Coordination
La prise en charge du sujet âgé atteint de BPCO doit être globale. Les problèmes associés - dénutrition, sarcopénie, comorbidités cardiovasculaires, dépression, ostéoporose et troubles du sommeil- participent à l’altération de la fonction respiratoire et de la qualité de vie. « Tous ces facteurs doivent faire l’objet d’une prise en charge multidisciplinaire où le médecin généraliste, au centre, travaille en coordination avec le pneumologue et le gériatre », indique le Pr Puisieux.
Les recommandations actuelles de traitement de la BPCO sont les mêmes que pour les adultes plus jeunes, bien que les classifications sur lesquelles elles reposent ne soient pas totalement adaptées à la personne âgée. L’arrêt du tabac est indispensable à tout âge. « Les bronchodilatateurs sont efficaces et bien tolérés, y compris, les anticholinergiques en inhalation que l’on peut prescrire à la place ou en association avec les bêta-2-mimétiques. Les corticoïdes inhalés sont uniquement indiqués dans les formes sévères et très sévères de BPCO. Il n’y a pas de place pour la corticothérapie par voie générale au long cours. Il faut aussi éviter les mucomodificateurs, la théophylline et, bien sûr, les antitussifs. Quant à l’oxygénothérapie, elle a les mêmes indications que chez l’adulte plus jeune. Il faut également insister sur l’intérêt de la vaccination antigrippale et antipneumococcique », note le Pr Puisieux.
Par ailleurs, le médecin doit éduquer le patient âgé et vérifier qu’il sait utiliser les dispositifs pour traitements inhalés. La personne dépendante doit être aidée par un tiers pour leur utilisation. Enfin dernier message fort : il n’existe pas de limite d’âge à la réhabilitation respiratoire. Les patients âgés peuvent donc en bénéficier.
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