Un ophtalmologiste et un pharmacien du Tarn ont été condamnés jeudi par le tribunal correctionnel d'Albi à 12 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire après la mort d'un père de deux enfants à la suite d'une surdose de médicaments, fin 2014, alors qu'il était traité pour une toxoplasmose oculaire.
Le procureur d’Albi avait requis contre l’ophtalmologiste huit mois de prison avec sursis et contre le pharmacien un an de prison avec sursis avec interdiction d’exercer pendant six mois. Les avocats de la défense avaient plaidé la relaxe.
Pour l'avocate de la famille, une peine de prison avec sursis, « c'est la reconnaissance du droit à l'erreur médicale ». « Il fallait symboliquement les condamner à un mois de prison ferme, prison qu'il n'aurait pas faite. On ne peut pas concourir conjointement à responsabilité quasi égale à la mort d'un homme et ne prendre que de la prison avec sursis. Il n'y a pas d'indulgence à avoir pour ce type d'erreur », a-t-elle indiqué.
L'avocat de l'ophtalmologiste, Me Georges Catala, a pour sa part assuré que le jugement « tenait compte de deux facteurs, la douleur des victimes d’une part et d'autre part du fait que c'est une faute tout à fait involontaire et partagée ».
L'ophtalmologiste albigeois, médecin reconnu par sa profession et aujourd’hui retraité, et le pharmacien d'Arthès (Tarn), devront également verser solidairement 727 000 euros de dommages et intérêts.
L’ophtalmologiste a reconnu ses erreurs à l’audience du 16 octobre, qui s'est tenue quatre ans jour pour jour après la mort du père de famille, âgé à l'époque de 34 ans.
Succession de négligences
Une première inversion du dosage de deux médicaments a été faite sur l’ordonnance de l’ophtalmologue, début octobre 2014 et une deuxième erreur a été faite par l’ophtalmologue quand son patient est revenu consulter trois jours pour de graves effets secondaires. Le médecin n’a pas revérifié l’ordonnance et n’a pas vu son erreur de prescription. Il a conseillé à son patient de continuer le traitement. Ce qui lui a été fatal. Le pharmacien a douté mais a délivré les médicaments prescrits.
À l’audience, le pharmacien s’est réfugié derrière le Vidal : « J’ai consulté le Vidal car je n’avais jamais délivré du Malocide » mais il n’a pas su expliquer pourquoi il n’a pas repéré le surdosage (8 fois supérieure à la dose couramment prescrite).
Le juge avait longuement questionné le pharmacien : « vous n’avez pas appelé le docteur F. [médecin de la victime] ? C’était le minimum et maintenant, vous dites ne pas avoir commis d’erreur ! Si votre rôle de pharmacien, c’est juste ouvrir le Vidal, on peut tous être pharmacien ! »
Le procureur d’Albi a également eu des mots très durs à l’audience en expliquant au pharmacien « qu’il n’avait servi à rien et surtout qu’il n’avait respecté aucune des obligations de sa profession ». L'avocate du pharmacien, avait durant sa plaidoirie de relaxe expliqué qu'il « avait fallu cette affaire pour réformer en 2016 le dosage maximal du Malocide dans le Vidal ».
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