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Dossier

Accès aux soins

Comment se portent ces professions à qui on délègue des tâches ?

Par Adrien Renaud - Publié le 23/01/2023
Comment se portent ces professions à qui on délègue des tâches ?


BURGER/PHANIE

Face au manque de médecins, l’une des solutions fréquemment avancées est l’attribution de nouvelles compétences aux infirmiers, pharmaciens, sages-femmes et kinés. Mais ceux-ci sont-ils assez nombreux pour répondre aux attentes que l’on place en eux ?

Les chiffres de la pénurie médicale sont toujours plus inquiétants : 11 % de Français sans accès à un médecin traitant d’après un rapport sénatorial de mars 2022, des généralistes dont les effectifs devraient continuer à fondre jusqu’en 2026 et ne devraient commencer à augmenter significativement qu’à partir de 2031 d’après les projections de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques)… Face à ce constat accablant, de nombreuses voix s’élèvent pour que des professionnels non médicaux viennent à la rescousse des généralistes : partage de compétences, protocoles de coopération, accès direct à certains soignants font désormais partie du débat… déclenchant protestations et polémiques.

On entend en effet les craintes de certains généralistes à ce sujet, inquiets de voir ce qu’ils considèrent comme des tâches exclusivement médicales désormais assumées par des professionnels qui n’ont pas la même formation qu’eux. Ces inquiétudes attirent en retour sur la profession les critiques des promoteurs de la montée en compétences des soignants non médicaux, qui y voient une réaction corporatiste, voire un réflexe d’entrepreneurs inquiets pour leurs parts de marché. C’est ainsi que le ton a tendance à monter entre les différentes professions, comme lorsque le Comité de liaison des institutions ordinales (Clio) a proposé, en octobre dernier, dans les territoires « où la démographie médicale est particulièrement insuffisante et où le patient ne peut recourir en première intention à un médecin traitant, de confier une mission d’orientation et de prise en charge de première intention aux autres professionnels de santé du territoire. »

Mais ces débats, pour intenses qu’ils soient, oublient souvent un aspect essentiel de la question : la démographie des professions auxquelles on souhaite confier de nouvelles responsabilités. Car les médecins ne sont pas les seuls à connaître des tensions sur le plan des ressources humaines. Des pharmaciens aux sages-femmes, en passant par les infirmiers et les kinés, un constat s’impose : la rareté de la main-d’œuvre semble être l’une des choses les mieux partagées entre les différents métiers du soin.