Courrier des lecteurs

Confrères dangereux : que faire ?

Publié le 22/01/2021

La lecture de l’article concernant l’affaire le Scouarnec («L'ex-chirurgien, Joël le Scouarnec condamné à 15 ans de prison», lequotidiendu medecin.fr 4/12) et la position du conseil de l’ordre a réveillé chez moi le souvenir de 20 ans de demandes restées lettres mortes concernant un confrère (aujourd'hui décédé) qui opérait dans la même clinique.

Cet ancien chef de clinique avait mal commencé sa carrière de proctologue, en sclérosant, non pas une hémorroïde, mais la prostate du directeur d’un hôpital de CHU avec de graves séquelles. C’était un enseignant de haut niveau, d’une culture immense qui, malheureusement pour ses patients, n’aurait jamais dû tenir un bistouri.

En proctologie, il trouvait des fistules plus ou moins complexes à 95 % de ses patients, même s’ils venaient pour une simple fissure. Les suites étaient souvent dramatiques avec nécessité de reconstruction du sphincter chez des patients qui n’avait plus aucun contrôle.

Nous avons été plusieurs, au fil des années, à le signaler au conseil de l’Ordre, sans aucun succès, ce confrère issu d’une famille très en vue bénéficiant d’appuis.

Il a fallu qu’un jour, je soigne un notable atteint d’un eczéma suintant du sillon fessier qui ne m’a pas cru, est allé voir ce confrère qu’il a convaincu qu’il devait être opéré d’une fistule. J’ai revu ce patient qui faisait dans sa culotte, auquel j’ai dévoilé la bataille infructueuse avec le conseil de l’ordre, et qui m’a dit faire un procès, ce qui a mis définitivement fin à son exercice chirurgical ; mais il avait fallu presque 20 ans et combien d’anus massacrés…

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Dr Alain Dollinger Proctologue, Lyon (69)

Source : Le Quotidien du médecin