Début septembre les écoliers ont repris le chemin de l’école. En parallèle les médecins ont pu également revoir les visiteurs médicaux qui ont profité de la trêve estivale comme de nombreux Français en juillet et août. Les réunions organisées par les firmes pharmaceutiques ont toutes été annulées ou reportées depuis mars ; période où la réglementation ne permettait plus de recevoir les praticiens dans les restaurants du fait de la COVID-19. Aussi nous avons pu reprendre certaines habitudes proscrites durant une longue période.
Ainsi, nous avons été invités la 1re semaine de septembre par une firme pharmaceutique ; cela pour nous donner des informations sur la BPCO et le sport. À ma grande surprise, de nombreux médecins se sont déplacés pour écouter « la bonne parole ». Un tel engouement, de la part de confrères se déplaçant peu habituellement, m’a étonnamment surpris.
En fait, cette réunion était un prétexte pour de nombreux collègues de se voir. La COVID a frappé le corps médical dans ses retranchements, et ses certitudes. De ce fait, certains voulaient partager leur propre expérience, leurs doutes, et leurs craintes.
Un lien entre médecins oubliés
On peut reconnaître parfois le manque d’objectivité de la visite médicale. Cependant, dans ce cas de figure, nous pouvons dire qu’elle a été le lien social (peu de liens permettent aux médecins de se rencontrer) que certains confrères ont saisi. De cette manière, il a été possible de montrer que les médecins généralistes libéraux existent, et qu’ils ont une place dans le système de santé.
Souvent les médias ont donné la parole aux hospitaliers ; plus rarement aux praticiens de terrain dont les questionnements au décours de cette crise étaient réguliers. Il est étrange, frustrant, et même inconvenant (il ne faut pas avoir peur des mots) de voir que les reportages télévisés donnent presque toujours la parole à des chefs de service d’infectiologie et de réanimation.
Nous ne devons pas oublier que les chevilles ouvrières qui œuvrent pour combattre cette pandémie sont avant tout les généralistes libéraux. On a quelque peu négligé ces acteurs de santé qui ont agi dans l’ombre des confrères spécialistes de haut rang qui étaient et sont régulièrement invités sur des plateaux télévisés.
Certaines firmes pharmaceutiques permettent « à ces oubliés » (je suis de ceux-là) de pouvoir exprimer leurs espoirs, leurs inquiétudes, et leurs doutes. Ils ont pu avoir le verbe haut en se rencontrant, car aucune censure ni aucun message laconique concernant leur pratique n’ont pu entraver leurs propos. On ne peut que louer cette initiative, même si sur certains points elle peut être jugée critiquable. Elle a permis à certains médecins de s’exprimer, mais aussi de montrer qu’ils existaient ; sentiment que certains voulaient partager.
Au-delà des articles faisant la part belle sur la dépression des généralistes libéraux durant la crise, le remède a permis à certains de passer un cap difficile, de rencontrer ses collègues qu’ils connaissent et qu’ils avaient perdus de vue durant plusieurs mois. Oui le médecin généraliste a besoin de partager ses préoccupations avec les collègues de terrain, et pas nécessairement un confrère psychiatre qui peut le réconforter (cela ne fonctionne pas dans tous les cas), suite à un coup de fil.
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