Après avoir lu le blog de ce 6 novembre de Richard Liscia, voici une réflexion personnelle écrite au lendemain de l’assassinat de M. Samuel Paty.
Chacun a le droit en France, de croire que Dieu n’existe pas. Chacun peut croire que Dieu existe et lui vouer un culte. Mais tout le monde a le devoir de respecter ceux qui croient au Dieu d’une autre religion et ceux qui croient que Dieu n’existe pas. Prêter à Dieu des exigences capricieuses alimentaires ou vestimentaires, c’est mépriser Dieu.
L’objectif des chefs des communautés islamistes semble être, dans le cadre d’une confusion entre religion et pouvoir politique, de créer un état-califat ayant vocation à soumettre une part croissante de l’humanité. Par croyance-obéissance-soumission fanatiques (ou manipulation perverse), les chefs proclament qu’ils sont les messagers de Dieu sur terre pour y établir son royaume, que le Prophète Mahomet n’a fait que transcrire en langage humain la Loi divine dans le Coran, livre, de ce fait sacré, que la vie sur terre n’est qu’un passage de médiocre importance, comparée à la vie d’après, d’autant plus belle et désirable que la vie sur terre aura été offerte à Dieu (en martyre) au cours de la guerre pour la promotion de l’état-califat. Ce qui implique de combattre les mécréants pour soit les convertir, soit les éliminer.
Les fidèles islamistes, bras armés des chefs ne pensent plus par eux-mêmes, mais soit obéissent aveuglément, soit, parce que, sous emprise, ils ont fini par admettre que les schémas de comportement qui leur ont été inculqués, aussi monstrueux soient-ils, sont la voie vers la Vérité et le Bien. Le recrutement des nouveaux adeptes se ferait, soit parmi des personnes (surtout jeunes) originaires de cultures musulmanes désireuses de venger les humiliations, infligées par les pays occidentaux à leurs ancêtres, soit parmi des jeunes occidentaux à qui les dérives des modes de vie de leur pays laissent de moins en moins de place pour l’espérance. Les recruteurs djihadistes savent habilement les séduire en leur faisant miroiter, via les réseaux sociaux, des perspectives susceptibles de donner sens à leur vie.
Un nécessaire rituel de passage
Les principes guidant, jusqu’alors, la lutte contre le terrorisme islamiste reposent sur l’application du droit français et du droit européen et le repérage des actes terroristes en préparation, pour les faire avorter. Force est de constater que ça ne réussit pas complètement… Je suggère quelques propositions de remédiation vis-à-vis du sentiment d’appartenance nationale. Le passage du statut de mineur à celui de majeur à 18 ans pourrait être assorti d’une cérémonie civile comportant lecture des principaux nouveaux droits (dont droit de vote) et engagement solennel vis-à-vis d’une liste de devoirs (dont respect de la vie humaine). On pourrait même étudier la possibilité de permettre au jeune de solliciter ce rituel de passage, à l’âge de son choix, entre 16 et 20 ans. La liste des devoirs comporterait l’engagement à respecter la loi française même (et surtout) si elle entre en contradiction avec une loi religieuse.
Pour que notre société, bloquée sur ses droits acquis, cesse de nourrir la désespérance des jeunes et d’en faire ainsi des proies faciles pour les recruteurs islamistes, nous, adultes, avons la responsabilité de leur préparer une place désirable dans le monde de demain. Nous devons avoir honte d’avoir tant pillé et sali leur planète et succombé au gaspillage consumériste, d’ériger devant eux, sans cesse, des barrières toujours plus hautes à leur accès à l’autonomie de la vie adulte.
Par ailleurs, ne serait-il pas souhaitable, que chaque responsable de lieu de culte et/ou d’enseignement, de toutes les religions, soit aussi tenu de s’engager et engager ses fidèles à respecter les lois de la République ? On peut se demander si ces personnes qu’on dit radicalisées, n’ont pas, sous emprise, régressé à un niveau de décivilisation qui les fait réagir d’une manière analogue à celle gouvernée par le cerveau reptilien de l’animal, qui attaque dès qu’on s’approche de lui trop près. Ainsi, pour eux, de façon réflexe, le stimulus « caricatures du prophète » déclenche la réponse réflexe « égorgement ».
Si on admet ce postulat, que les islamistes sont des êtres humains devenus dangereux parce que, sous emprise, il importe de les identifier à temps et les mettre hors d’état de nuire, ce qui est déjà fait, mais avec un succès partiel. Il faut aussi tenter de les extraire des griffes de l’emprise pour leur permettre de restaurer ou acquérir leur libre arbitre, en s’inspirant des idées sur l’éducation de Jean-Jacques Rousseau (le petit enfant naît bon et c’est le contact avec le monde qui le rend plus ou moins mauvais) et de celles d’Augustin d’Hippone (le petit enfant naît mauvais et l’éducation l’améliore petit à petit). Peut-être l’œuvre de Louis Massignon (érudit du XX° siècle, artisan expérimenté de dialogues et rapprochements inter-religieux) contient-elle des outils intéressants pour déconstruire leur désocialisation monstrueuse ?
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