Il y a quelques jours de cela, j’ai été quelque peu surpris par deux reportages diffusés dans le cadre du journal télévisé de 13 heures.
Le premier de ces reportages mettait en avant l’évolution probable d’une profession qui depuis quelques années a modifié considérablement ses fonctions et son rôle : le pharmacien. Ainsi, surfant sur la vague du numérique, le journaliste a expliqué que, dans l’avenir (il n’a pas précisé s’il était on non proche), il serait possible comme les grandes enseignes de fast-food de s’identifier sur un écran numérique géant pour commander certains produits, mais aussi pour que certains paramètres comme le poids, la TA et la température puisse être évalués.
De cette manière, dixit notre spécialiste en informatique, il sera possible en cas de problèmes identifiés par cette unité informatique de consulter le pharmacien dans un espace confidentiel dédié à la consultation. Ce professionnel aura la possibilité, dès lors qu’une hyperthermie sera objectivée, de donner des conseils…
Un autre reportage m’a également surpris et quelque peu décontenancé. En Haute Garonne, une unité du CHU de Toulouse a demandé à titre expérimental d’effectuer des tests de mémoire par les agents de la poste qui assurent le contact régulier avec les populations âgées éloignées de grands centres urbains.
Ces deux exemples nous montrent que de nouvelles missions médicales sont données à des professionnels de santé ou à des agents assurant les services publics.
Des situations cliniques complexes
La médecine est un art difficile et complexe ! Cependant, nous ne pouvons qu’être quelque peu dubitatifs vis-à-vis de ces fonctions proposées. Cela fait de nombreuses années que l’exécutif, pour pallier à un déficit de médecins, a décidé de prendre des mesures pour permettre d’assurer malgré tout une prise en charge de la totalité des administrés ou plutôt de ses électeurs.
Exerçant depuis près de 30 ans, je reste souvent perplexe devant certaines situations cliniques complexes, et j’avoue qu’il est parfois très dur d’accepter ses propres erreurs et il est fréquent d’avoir des remords ou des périodes d’anxiété suite à cette prise en compte. Les médecins ne sont pas des dieux, et ils peuvent se tromper. Ils doivent envers et contre tout rester humbles. Aussi, lorsqu’une pratique comme celle de la médecine est effectuée par des professionnels n’ayant pas la formation adéquate, je reste quelque peu surpris et effrayé.
La pratique de la médecine est un art, et elle nécessite une constante remise à niveau car les technologies évoluent. Néanmoins, nous ne devons pas oublier un élément important dans la prise en charge du patient : le sens clinique. Il s’apprend en grande partie sur les bancs des universités, mais il ne faut pas oublier qu’il se peaufine avec sa propre expérience de terrain. C’est de cette manière que nous pouvons avoir beaucoup de déférence vis-à-vis d’un collègue qui sait comment mener à bien un interrogatoire, et a le flair clinique pour poser un diagnostic parfois complexe. Aussi, à une période où les patients deviennent très revendicatifs, il est difficile d’accepter que la pratique médicale puisse être galvaudée car il ne faut perdre de l’esprit qu’elle est souvent plus complexe qu’elle en a l’air au premier abord.
« La médecine doit avoir le dernier mot et lutter jusqu’au bout pour empêcher que la volonté de Dieu soit faite » Romain Gary.
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