J’EXPLIQUE
• Les androgènes stimulent l’activité de la glande sébacée (hyperséborrhée), mais à eux seuls ils ne peuvent tout expliquer. S’ils sont physiologiquement beaucoup plus élevés chez les hommes que chez les femmes hyperandrogéniques, tous les hommes ne souffrent pas d’acné. Il existe pour chaque individu une sensibilité propre de la glande sébacée aux androgènes, expliquant l’existence de « familles à acné ».
• L’hyperkératinisation du canal folliculaire (« bouchon corné »), qui contrarie, voire empêche l’élimination du sébum. Ainsi se forme un comédon ouvert si le bouchon corné affleure (« point noir ») ou fermé (« point blanc ») lorsque l’orifice est presque obturé.
Les acnés inflammatoires sont liées à la pullulation de Propionibacterium acnes, germe anaérobie saprophyte qui prolifère au sein du follicule pilo-sébacé (FPS) obstrué.
• P. acnes libére des acides gras libres qui attirent les polynucléaires neutrophiles par chimiotactisme. L’action protéolytique aggrave le processus de destruction de la paroi du FPS, déjà distendue derrière le bouchon corné, et libère du sérum dans le derme. Le sébum contient des triglycérides qui seront digérés en acides gras libres par P. acnes, aggravant l’inflammation. Le sébum contient également des cires et squalènes, qui sont irritantes et stimuleront l’apparition des comédons. Le cercle vicieux est en marche !
• L’acné n’est malgré tout pas une maladie infectieuse : d’où l’efficacité de l’antibiothérapie, qui joue un rôle avant tout anti-inflammatoire, alors qu’un nombre croissant de souches sont désormais résistantes (en 2015 : 75 % aux macrolides, 10-30 % aux cyclines, 40 % aux quinolones).
JE MONTRE
J’INFORME
• 70 % des patients rapportent une amélioration de leur acné après exposition solaire, car les UV ont un effet anti-inflammatoire. Une aggravation secondaire automnale survient souvent, expliquée par l’épaississement de la couche cornée sous l’effet des UV (favorisant l’obstruction des FPS) et l’oxydation du squalène (augmentant la comédogenèse).
• L’acné retentit également sur la qualité de vie des patients via les cicatrices qu’elle peut laisser. Celles-ci peuvent survenir en moyenne 3 ans après le début des lésions. Le soleil peut pigmenter les cicatrices.
• Certains traitements de l’acné sont particulièrement connus pour être photosensibilisants : tétracyclines orales, peroxyde de benzoyle local, isotrétinoïne, trétinoïne. L’adapalène et le zinc ne le sont pas.
JE PRESCRIS
• Si le traitement, local ou systémique, présente un risque de photosensibilisation, on préconise une administration vespérale, car elle diminuerait le risque de réaction photodéclenchée.
• L’utilisation d’un produit de toilette doux est recommandée, par exemple un « savon sans savon ». L’acné peut être aggravée par des produits cosmétiques ou d’hygiène trop détergents comme les savons (à l’origine de séborrhée réactionnelle) ou au contraire occlusifs (pommades et poudres).
• Les produits alcoolisés ou antiseptiques, disponibles en supermarchés, sont inefficaces, irritants et/ou sensibilisants. De même pour les « masques », les « gommages » et « brosses ».
• L’application d’une émulsion ou crème hydratante est recommandée le matin afin d’améliorer la tolérance des traitements anti-acnéiques.
• Une photoprotection est recommandée en cas d’exposition solaire, particulièrement chez les patients de phototypes foncés ayant un risque important de cicatrices pigmentées et/ou lors de l’utilisation de produits photosensibilisants ou irritants. On choisit une photoprotection à spectre large anti-UVA et anti-UVB, non comédogène.
J’ALERTE
• De nombreux adolescents pensent que les aliments gras et le chocolat ont un rôle aggravant dans l’acné [3]. Pire : 35 % des médecins généralistes donnaient des conseils d’éviction alimentaire en 2013 [8] : sur les sucres (24 %), les graisses (26 %), le lait (5 %)... Certes, une récente étude italienne [10] évoquait un sur-risque d’acné à partir de 3 portions de laitages/semaine, à mettre absolument en balance avec la nécessité absolue d’augmenter les apports calciques quotidiens à 1 200 mg/j pour l’acquisition du pic de masse osseuse à l’adolescence !
• Certaines études sur l’acné et le tabac sont contradictoires [4]. le tabac comme le soleil sont à déconseiller.
JE RENVOIE SUR LE WEB
http://dermato-info.fr/article/Acne
Bibliographie
1-Société Française de Dermatologie. Traitement de l’acné par voie locale et générale. Recommandation de bonne pratique. Juin 2015. Disponible sur http://www.sfdermato.org/media/pdf/recommandation/label-recommandations…
2-Société Française de Dermatologie. Traitement de l’acné par voie locale et générale. Argumentaire scientifique. Juin 2015. Disponible sur http://www.sfdermato.org/media/pdf/recommandation/label-argumentaire-ac…
3-Poli F, Auffret N, Beylot C, Chivot M, Faure M, Moyse D, et al. Acne as seen by adolescents: results of questionnaire study in 852 French individuals. Acta Derm Venereol. sept 2011;91(5):531‑6.
4-Di Landro A, Cazzaniga S, Parazzini F, Ingordo V, Cusano F, Atzori L, et al. Family history, body mass index, selected dietary factors, menstrual history, and risk of moderate to severe acne in adolescents and young adults. J Am Acad Dermatol. déc 2012;67(6):1129‑35.
5-Choi JM, Lew VK, Kimball AB. A single-blinded, randomized, controlled clinical trial evaluating the effect of face washing on acne vulgaris. Pediatr Dermatol. oct 2006;23(5):421‑7.
6-Beylot C. Mécanismes et causes de l’acné. La Revue du Praticien 2002 ; 52 : 828-30.
7-Poli F. Soins cosmétiques et acné. La Revue du Praticien 2002 ; 52 : 859-62
8-Dréno B. Acné de l’adolescent Quelle prise en charge en médecine générale ? La Revue du Praticien Médecine Générale 2013 mai; 27 (901) : 388-9.
9-Clapé A, Loget J, Reguiaï Z. Acné : quel est le rôle du régime alimentaire ? La Revue du Praticien mars 2017 ; 67 : 299-303
10-Di Landro A, Cazzaniga S, Parazzini F, et al.; GISED Acne Study Group. Family history, body mass index, selected dietary factirs, menstrual history, and risk of moderate to severe acne in adolescents and young adults. J Am Acad Dermatol 2012;67:1129-35.
11-Dumont-Wallon G et al. Bacterial resistance in French acne patients. Int J Dermatol 2010 ; 49 : 283-8
12-Sardana K, Gupta T, Kumar B, Gautam HK, Garg VK. Cross-sectional Pilot Study of Antibiotic Resistance in Propionibacterium Acnes Strains in Indian Acne Patients Using 16S-RNA Polymerase Chain Reaction: A Comparison Among Treatment Modalities Including Antibiotics, Benzoyl Peroxide, and Isotretinoin. Indian Journal of Dermatology. 2016;61(1):45-52.
13-Société Française de Dermatologie. Photosensibilisations : liste originale des photosensibilisants. Disponible sur http://www.sfdermato.org/media/pdf/mini-site/photosensibilisation-d2ed2…
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