Repères patient

AINS topiques: gare à la peau

Publié le 09/01/2015
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Souvent banalisés et considérés comme des traitements peu efficaces, les AINS topiques ont montré leur intérêt thérapeutique dans plusieurs études de bonne qualité. Leurs effets secondaires potentiels cutanés doivent cependant être bien connus du prescripteur.

J'EXPLIQUE

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) locaux ou topiques permettent une amélioration de la douleur et de l'inflammation dans les affections rhumatologiques et traumatologiques localisées. L'usage local permet de limiter les complications habituelles des AINS, notamment digestives.

Leur efficacité n'a été prouvée que dans un petit nombre d'affections rhumatologiques (arthrose du genou et des mains) et uniquement avec certaines molécules. Les effets secondaires cutanés potentiels, parfois graves, ne doivent pas être négligés au moment de la prescription.
 

J'INFORME

• Une analyse de la littérature portant sur 7 688 participants de 34 études a mis en évidence 23 études comparant un AINS local à un placebo dans les affections musculo-squelettiques chroniques.

• Les données les plus convaincantes concernent le diclofénac dans l'arthrose. Le nombre de sujets à traiter (NST) pour obtenir un soulagement d'au moins 50 % de la douleur en 8 à 12 semaines était d'environ 6 pour le diclofénac et 11 pour le placebo.

• Seules les études concernant le traitement de l'arthrose du genou et des mains sont concluantes. La comparaison directe de l'AINS topique et de la forme orale n'a pas montré de différence significative en termes d'efficacité.

• Le topique est responsable de plus d'effets secondaires cutanés mais moins de complications digestives.

• Les AINS topiques sont traditionnellement indiqués en micro-traumatologie (sportive ou non), les données d'efficacité sont cependant limitées. Pour la tendinopathie latérale du coude (tennis-elbow), 5 études ont démontré une amélioration significative allant jusqu'à 4 semaines, pour les AINS topiques par rapport au placebo. Les autres indications sont les entorses, les contusions, les veinites et la lombalgie aiguë.
 

JE PRESCRIS

• Les AINS topiques existent dans le commerce sous plusieurs formes : gel, pommade, spray, tissugel. Les plus fréquemment prescrits sont l'ibuprofène, le kétoprofène, le diclofénac, le piroxicam et l'acide niflumique.

• Le prescripteur doit être attentif aux indications thérapeutiques qui peuvent varier sensiblement selon la molécule et la présentation.

• Certains AINS topiques bénéficient d'un remboursement par les organismes sociaux (voir tableau).

• Si l'indication de prescription d'un AINS topique est retenue par le prescripteur, une information claire doit être donnée au patient en vue d'éviter toute exposition solaire de la zone traitée pendant toute la durée du traitement et jusqu'à 2 semaines après l'arrêt.

 

J'ALERTE

• Des cas de photosensibilisation ont été décrits avec des gels anti-inflammatoires, notamment le kétoprofène.

• Il s'agit d'atteinte eczémateuse ou bulleuse parfois grave (hospitalisation).

• Des réactions croisées avec d'autres molécules (fénofibrate, acide tiaprofénique, écrans solaires type benzophénone, parfums) doivent être connues.

• Les professionnels de santé doivent avertir les patients de bien se laver les mains après chaque application, de ne pas exposer la zone traitée au soleil, ne pas mettre de pansement occlusif, d'arrêter immédiatement le traitement en cas de réaction cutanée.

• Les pharmaciens doivent distribuer une brochure résumant les précautions à prendre avec toute délivrance de gel de kétoprofène.

• Les prescripteurs doivent s'assurer avant toute prescription de l'absence d'allergie cutanée ou respiratoire au kétoprofène et aux molécules proches, de l'absence de lésion de la peau, de l'absence d'antécédent de photo-sensibilité.
 

JE RENVOIE SUR LE NET

 

Dr Eric Thomas (PH, responsable Unité Pathologies du Rachis, Département de Rhumatologie, CHU Lapeyronie, 34295 Montpellier cedex 5)

Source : Le Généraliste: 2704