« Monsieur U., 42 ans, est un cadre stressé et souffre d'épigastralgies d'allure ulcéreuse. Une fibroscopie œsogastroduodénale confirme un ulcus duodénal avec présence d'Helicobacter pylori. Mais après traitement, Monsieur U. refuse de subir une nouvelle fibroscopie car il a mal supporté la première... »
L'ulcère d'estomac, une maladie infectieuse ?
Jusqu'en 1995, le profil psychologique, le stress, les habitudes hygiéno-diététiques étaient considérés comme favorisant la survenue de la pathologie ulcéreuse. Mais quand a été démontrée l'implication de l'Helicobacter Pylori dans la constitution et les récidives de l'ulcère d'estomac, la primauté a été donnée à une compréhension physiopathologique au détriment d'une compréhension plus globale de cette pathologie digestive. Pour autant, ces deux visions de cette pathologie ne sont pas antinomiques. Changer les habitudes hygiéno-diététiques délétères pour la muqueuse digestive voire modifier les comportements inadaptés sources de stress restent pertinentes dans la pratique quotidienne.
"Test and treat"
Pas toujours facile de convaincre nos patients de passer d'emblée une fibroscopie œsogastroduodénale devant une symptomatologie ulcéreuse ! Les auteurs anglo-saxons utilisent la stratégie du « test and treat » chez les sujets de moins de 45 ans sans signe clinique alarmant (consensus de Maastricht 2000). Un test diagnostic non invasif de l'infection à H. Pylori, type test respiratoire à l'urée marquée, est alors proposé mais cette attitude n'est pas actuellement recommandée en France*. Aussi faut-il négocier la fibroscopie avec les arguments de la confirmation de la présence de l'H. Pylori et la visualisation des lésions digestives et leur biopsie.
Un test non invasif de contrôle
Une fois les diagnostics d'ulcus gastroduodenal et d'infection à H. Pylori posés, le schéma de trithérapie pendant sept jours doit être mis en œuvre(amoxicilline, clarithromycine, inhibiteurs de la pompe à proton). Le contrôle de l'éradication repose sur les méthodes indirectes non-invasives (test respiratoire) quatre semaines après la fin du traitement. L'éradication de H. Pylori réduit très fortement la prévalence des récidives ulcéreuses et des complications et représente un facteur majeur d'agression de la muqueuse gastroduodenale qu'il est désormais possible de traiter. Mais il n'est pas le seul. Le tabac, les épices, l'alcool, les aliments acides (agrumes), les boissons trop chaudes et le stress restent responsables aussi de lésions digestives à prévenir par des conseils hygiéno-diététiques.
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