Quel parent n'a pas administré de son propre chef un médicament à un enfant fiévreux ou se plaignant d'une douleur ? Le pourcentage atteint 96 % dans une étude menée par autoquestionnaire auprès d'un échantillon de parents d'enfants de moins de 12 ans (1). Et près d'un parent sur deux automédique son enfant avant l'âge de 2 ans.
Paracétamol et ibuprofène en tête
Le motif principal à l'origine de l'automédication est la fièvre (44 % des cas). Viennent ensuite le rhume, la présence d'une maladie bénigne, la survenue d'une douleur, l'absence de rendez-vous immédiat avec le médecin, la toux. Les troubles digestifs, l'asthme, les plaies et traumatismes, ainsi que les problèmes cutanés constituent également des causes de recours à l'automédication.
S'agissant des médicaments utilisés, la quasi-totalité des parents (97 %) ont déjà administré du paracétamol, 87 % ont donné des AINS, 31 % des corticoïdes et 11 % des antibiotiques. La posologie est calculée soit en fonction du poids (93 % des répondants), soit en fonction de l'âge (80 %), de l'ancienne ordonnance (46 %), de l'état général de l'enfant (21 %), de l'importance des symptômes (15 %). Elle est majoritairement correcte lorsque le médicament se présente en suspension buvable munie d'un système dose-poids. Mais les doses administrées deviennent variables lorsque le flacon ne s'accompagne pas de ce système de calcul de la posologie. In fine, le paracétamol et l'ibuprofène viennent en tête des produits d'automédication, surtout sous forme de suspension buvable avec système dose-poids.
Des erreurs dans 55 % des cas
Le questionnaire proposait par ailleurs des séries d'associations de médicaments : 21 % des parents "prescrivent" alors une association non autorisée, pour la moitié d'entre eux avec le sentiment d'être sûrs d'eux. L'administration de médicaments en dehors des mentions officielles de l'AMM ne concerne que 4 % des cas d'automédication par le paracétamol, mais ce pourcentage s'élève à 83 % pour les corticoïdes.
Au total, ce sont 55 % des questionnaires qui comportant des erreurs d'indication, d'association ou de posologie. Certains parents (10 %) interchangent les pipettes de médicaments différents. Et 7 % déclarent avoir déjà automédiqué leurs enfants sans être sûrs d'eux.
Le médecin este la référence
Pour 85 % des participants, le médecin apparaît comme source d'information quant au choix du médicament et à ses modalités d'utilisation. Viennent ensuite la notice du médicament (77 %), le pharmacien (55 %), puis l'entourage (5 %), Internet (3 %) et les magazines (2 %). Près de 8 parents sur 10 évoquent spontanément leurs actes d'automédication auprès de leur médecin.
Un à deux tiers des parents s'estiment bien informés pour automédiquer leurs enfants correctement et sans risque. Le risque encouru par l'enfant est reconnu par 59 à 72 % des parents, qui citent successivement l'erreur de dose, l'inadaptation du traitement, l'erreur de diagnostic, l'existence d'une interaction, la survenue d'une éventuelle allergie, d'une aggravation ou d'effets indésirables.
Les voies d'amélioration
Les auteurs de l'étude concluent que si les enfants globalement ne sont pas en danger lorsqu'ils sont automédiqués par leurs parents, il est souhaitable d'améliorer les pratiques de ceux-ci en ce domaine. L'information des parents est incontournable, non seulement sur les modalités du "bien automédiquer", mais également sur le fait que l'administration d'un médicament ne doit pas être systématique, notamment en cas de pathologie virale bénigne. Les notions de non remboursement d'un produit, de son efficacité et du caractère obligatoire ou non de la prescription doivent être éclaircies. Le cabinet médical n'est pas le seul endroit dans lequel cette information peut être dispensée, puisque l'école pourrait elle aussi tenir un rôle intéressant.
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