Le dernier BEH vient d’ajouter la grossesse à la liste déjà longue des sujets vulnérables à la chaleur (1). À la demande en 2013 de la DGS, le HCSP a mis à jour les recommandations du Plan national canicule d’après une revue de la littérature ainsi que les éléments de suivi épidémiologique que mène l’Institut de veille sanitaire depuis 2003. Globalement, les résultats confortent ce qu’on savait déjà mais ils ont permis de mettre à jour le fait que les femmes enceintes mériteraient une attention.
› Trois études ont, en effet, montré des risques, peu connus, liés à la grossesse de malformations congénitales ou de prématurité. Une association significative entre une augmentation de la température minimale journalière de 2,8 °C, en particulier pendant la période critique de développement (semaines 4 à 7), et la présence de cataracte congénitale a été retrouvée dans l’État de New York. Une étude australienne a montré un risque plus élevé de naissances prématurées chez les femmes ayant subi une ou plusieurs périodes caniculaires au cours de leur grossesse. Même constat d’une étude romaine sur l’effet des vagues de chaleur sur la prématurité (+19 %). Une étude canadienne sur 300 000 naissances de 1981 à 2010 a montré une augmentation non significative des naissances prématurées (avant 37 semaines) en cas de fortes chaleurs sur plusieurs jours, ce risque devenant significatif pour les naissances précoces (entre 37 et 38 semaines de grossesse).
› Les enfants (moins de 1 an, 5 ou 10 ans selon les études) ont aussi une plus grande sensibilité individuelle due à un ratio masse/surface corporelle faible qui les rend plus susceptibles à la déshydratation et des mécanismes de thermorégulation immatures dans les premiers jours de la vie.
› Diverses manifestations pathologiques peuvent augmenter en cas de pic de chaleur (cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques/psychiatriques, rénales/urinaires et le diabète). Le décalage entre le pic de chaleur et la survenue des manifestations est le plus souvent de 0 à 2 jours, mais il peut aller jusqu’à 6 jours.
› De nombreux médicaments, par leur mécanisme d’action ou par les effets indésirables, sont susceptibles d’aggraver les symptômes liés aux températures extrêmes : antiparkinsoniens, antidépresseurs, neuroleptiques ou des vasodilatateurs; les diurétiques peuvent entraîner une déshydratation, tandis que les bêtabloquants et les anticholinergiques concourent à une réduction de la vasodilatation et de la transpiration et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine font diminuer la sensation de soif.
› Les personnes âgées restent sans doute la population la plus vulnérable et quantitativement la plus importante. Cela devrait s’accentuer dans les années à venir au vu des projections démographiques (11,9 millions de personnes de plus de 75 ans en 2060 versus 5,2 millions en 2007). Les experts de cette étude citent « le médecin généraliste » comme acteur essentiel de prévention auprès de cette population qui serait « le mieux à même d’identifier les facteurs de risque personnels de leur patient et de l’aider à mettre en place des stratégies de lutte contre la chaleur ».
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