Si les hôpitaux placardent depuis des années la charte des Droits de l’enfant sur leurs murs, les médecins généralistes sont généralement discrets sur ce type d’affichage et n’annoncent pas forcément depuis leur salle d’attente la place qu’ils entendent laisser à l’enfant dans leur enceinte médicale. Pourtant, les médecins généralistes accueillent 80% des enfants qui consultent. Selon un travail de recherche mené en médecine générale auprès d’enfants, la bonne compréhension des paroles et des actes est importante pour les enfants qui suggèrent comme pistes d’amélioration de leur prise en charge la lutte contre la douleur, l’anxiété et l’ennui. Telle est la conclusion d’un travail de recherche paru dans la dernière édition de la revue Exercer dont l’objectif était de recueillir l’avis des jeunes enfants sur la consultation en médecine générale afin d’identifier des pistes d’amélioration des pratiques professionnelles (1).
Méthode
Durant l’année 2012, dans une commune du département de la Loire, 24 enfants des deux sexes âgées de 5 à 10 ans d’un centre d’accueil périscolaire ont été sélectionnés de manière aléatoire puis interrogés par groupes de deux à trois enfants, « afin de faciliter la parole en dehors du cabinet », expliquent les auteurs. L’accord des parents a été bien entendu recueilli au préalable.
13entretiens ont été nécessaires pour saturer les données.
›Les cinq grands axes de la grille d’entretien étaient :
- les raisons d’aller chez le médecin
- la salle d’attente
- la consultation
- le ressenti émotionnel de la consultation
- et la compréhension du médecin par l’enfant.
›Les résultats des entretiens ont été présentés aux 12 médecins généralistes de la commune.
Résultats
› Les enfants consultent les médecins pour « se soigner quand ils sont malades » ou « quand ils se blessent », mais aussi pour des actes de prévention ou la rédaction de certificats médicaux.
La salle d’attente est un lieu où ils s’ennuient mais où ils se sentent bien. L’attente est « énervante. » Les plus grands se plaignent que les jeux et les livres soient non adaptés et destinés aux plus jeunes. Ils suggèrent d’installer une télévision ou des jeux vidéo pour s’occuper.
Certains s’inquiètent de la consultation à venir, de ne pas savoir ce qui va s’y passer.
Le déroulé de la consultation est connu des enfants. Ils aiment l’examen à l’otoscope, la prise de tension, la mesure de p taille et l’évaluation de l’acuité visuelle. Ils craignent essentiellement l’examen de la gorge à l’abaisse-langue et les vaccins.
Ils suggèrent de lutter contre les peurs par des récompenses, la présence d’un « doudou » ou des affiches amusantes.
Les enfants comprennent le plus souvent leur médecin et ils l’apprécient. Mais certains mots techniques posent des problèmes de compréhension et certains souhaiteraient davantage d’explications.
›Les médecins auxquels les commentaires des enfants ont été soumis, s’opposent à la proposition de l’installation d’une télévision jugée trop bruyante , embarrassante pour le choix des programmes, coûteuse, etc. Idem pour les jeux vidéos : lesquels en fonction de quel âge ? Concernant la lutte contre la douleur, peu sont convaincus de l’efficacité des patchs anesthésiants. Tous affirment expliquer leurs gestes aux enfants.
Conclusion
Aux auteurs de conclure que les trois principales propositions des enfants semblent pertinentes : lutte contre l’ennui, l’angoisse et la douleur. L’ennui renforce l’angoisse et l’angoisse augmente la douleur. Des techniques simples de distraction, de respiration ou de relaxation pourraient être complémentaires des actes analgésiques classiques telle que l’application d’un patch. Informer les enfants permet de lutter contre l’effet de surprise et l’angoisse générée.
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