Les maladies cardio-vasculaires (MCV) représentent le poste le plus important de la consommation de soins et de biens médicaux en France. Elles sont responsables de 11,5 % des hospitalisations et d’un tiers des motifs d’exonération du ticket modérateur pour ALD. Et pourtant, les patients ne perçoivent pas ce risque à sont exacte mesure. Ce sont les conclusions d’un travail de thèse de DES de médecine générale mené à Paris 7 et primée par le site Fayr-GP, Association française de jeunes chercheurs en médecine générale (1).
› En juillet 1999, l’enquête REACT avait mis en évidence des différences entre la perception du risque cardio-vasculaire (RCV) par les patients et le niveau de connaissance théorique des médecins. Ainsi, les généralistes estimaient que leurs patients connaissent le lien entre taux de cholestérol et MCV (86%) alors qu’en pratique ce lien n’était établi que pour 50% de la population générale. Le travail de thèse s’est donc attaché à évaluer de manière fine et qualitative les connaissances, la compréhension de la notion de facteurs de RCV chez les patients et leurs éventuelles insuffisances. Seuls ont été pris en compte les facteurs de RCV majeurs, à savoir l’HTA, les dyslipidémies, le diabète et le tabagisme pour les facteurs modifiables ; l’âge et l’hérédité cardio-vasculaire pour ceux non modifiables. L’obésité androïde, la sédentarité, la ménopause et les facteurs psychosociaux comme la précarité, n’étant que des facteurs de prédisposant.
› L’étude a ciblé la population concernée par la thématique, donc des sujets âgé d’au moins 35 ans présentant deux facteurs de RCV et ayant consulté en médecine générale. Cinq hommes et cinq femmes ont été interrogés en 2012, sélectionnés sur leur diversité d’âge, de sexe, mais également de profil socio-professionnel. Ainsi, les patients se sentaient globalement en bonne santé malgré l’existence effective de facteurs de RCV. De manière superposable à un travail antérieur mené sur 106 patients porteurs de deux FRR, qui montrait que près de 40% ne pensaient pas ou ignoraient être dans une catégorie de « personnes à risque » de développer une MCV. En matière d’identification des facteurs de RCV, le tabac arrive en tête des facteurs de risque repérés, la mauvaise alimentation et la consommation d’alcool sont cités comme étant des facteurs de RCV. A l’inverse, le diabète, l’HTA, l’hypercholestérolémie, le surpoids et la sédentarité ne sont pas identifiés comme tels !
› Lorsque l’on interroge les patients pour savoir ce qu’ils comprennent quand on leur parle de facteurs de risque, les réponses sont assez imprécises. Sans surprise, la notion de facteurs de RCV est encore moins bien maitrisée. Seule la moitié des personnes interrogées dit en avoir déjà entendu parler. « S’agit-il d’une véritable ignorance ou juste d’une mauvaise compréhension d’un terme appartenant au jargon médical ? Intuitivement, on a l’impression que cela semble être compris par certains mais avec des difficultés pour l’exprimer dans quasiment tous les cas », s’interroge l’auteure de la thèse. Un travail d’information et d’éducation à reprendre sans relâche puisque, de manière unanime pour les patients interrogés, le médecin représente la source principale de l’information.
1- Mansouri L. Connaissances et perception de la notion de facteurs de RCV chez les patients en médecine générale. Thèse de DES de médecine générale. Université Paris Diderot – Paris 7. Juin 2012.
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