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COCAÏNE, DES INTOXICATIONS PLUS GRAVES ET PLUS FRÉQUENTES

Publié le 02/02/2018
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Cocaine

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Crédit photo : GUSTOIMAGES/SPL/PHANIE

Dans un document récent (1), l’ANSM alerte sur l’augmentation du nombre et de la sévérité des intoxications liées à la consommation de cocaïne.

Selon le réseau national d’addicto-vigilance, le nombre de signalements a été multiplié par 6 entre 2010 et 2016, passant de 68 à 416. Cette hausse pourrait être liée « à l’augmentation de la concentration du produit vendu (augmentation de la “pureté” de la cocaïne) et à sa plus grande disponibilité ».

► Plus nombreuses, les intoxications sont aussi plus sévères, avec en 2016 huit fois plus de cas graves (375) qu’en 2010 (47). L’étude Drames pointe une augmentation des décès en lien direct avec l’usage de cocaïne (44 cas en 2015 vs 25 en 2010).

► La cocaïne poudre reste la substance la plus souvent en cause. Mais le crack (cocaïne base), qui possède un potentiel addictif plus important et dont le mode de consommation par inhalation expose à un risque de complications plus graves, voit sa consommation augmenter (33 % en 2017 contre 20 à 25 % entre 2013 et 2016).

► Les complications les plus fréquentes sont d’ordre psychiatrique (35 %), cardiovasculaire (30 %) et neurologique (27 %). Des complications infectieuses (12 %), respiratoires (8 %) et ORL (3 %) sont également rapportées.

► Certains tableaux d’urgence peuvent orienter vers une intoxication surtout chez le sujet jeune :

– signes généraux : peau moite et pâle, sueurs, malaise, tremblements, bruxisme, vomissements, troubles de la vision, mydriase

– troubles neurologiques : crise convulsive, coma

– symptômes psychiatriques : hallucinations, paranoïa, anxiété, agressivité/agitation

– troubles cardiaques : tachycardie, HTA, oppression/douleur thoracique/signes d’infarctus, AVC.

► « Le diagnostic d’un syndrome coronarien est parfois difficile car les consommateurs présentent fréquemment des douleurs atypiques dans un contexte d’anxiété importante, avec des modifications ECG non spécifiques », précise la HAS (2). Ainsi, toute personne de moins de 50 ans ayant une douleur thoracique, même atypique, doit être interrogée sur une éventuelle consommation de cocaïne. De même en cas d’AVC.

► La prise concomitante de certaines substances (alcool, benzos, amphétamines et/ou ecstasy, opiacés, GBL) majore les risques.

► La consommation de cocaïne est particulièrement risquée pendant la grossesse et l’allaitement ; en cas d’antécédents de troubles vasculaires, coronariens ou cérébraux, d’HTA, de crises convulsives, d’antécédents pulmonaires, etc. ; en cas de troubles psychiatriques (ou antécédents) et en cas de conduite de véhicule.

► L’expérimentation de cocaïne est maximale entre 15 et 29 ans et devient très faible après 34 ans. Elle n’ est plus l’apanage des milieux sociaux à fort pouvoir d’achat ou des poly-consommateurs très désinsérés mais concerne aussi les classes moyennes. Les hommes sont trois fois plus consommateurs que les femmes.

1- ANSM. Point d'information, 25 janvier 2018.
2- HAS. Recommandations de bonne pratique, février 2010.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr