Thérapeutique

CROYANCES ET OBSERVANCE SONT INDISSOCIABLES

Publié le 26/01/2018
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Au travers de deux échelles évaluant les représentations des patients sur leur traitement et leur observance, une équipe de chercheurs du département de médecine générale de Clermont-Ferrand a étudié le lien entre croyances sur les médicaments et observance dans les maladies chroniques.
Pilulier

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Crédit photo : GARO/PHANIE

CONTEXTE

L’observance thérapeutique est définie comme « le degré de concordance entre le comportement d’une personne et les recommandations concernant un traitement ». Mais elle est estimée à seulement 50 % dans les maladies chroniques et représente une limite importante à l’efficacité de leur prise en charge (risque de pharmaco-résistance, d’aggravation, de chronicisation de la maladie et de complications évolutives).

Un travail de recherche mené par le département de médecine générale de Clermont-Ferrand en partenariat avec le centre de médecine comportementale de la University College of London, s’est attaché à évaluer le lien entre les représentations sur les médicaments et l’observance chez les patients atteints de maladies chroniques, dont des résultats sont parus dans la revue Exercer (1). 

En effet, les représentations des patients, issues de données familiales, culturelles, ethniques, ou encore du parcours scolaire ou socioprofessionnel, sont reconnues comme un facteur important modifiable d’observance. Certains travaux les considèrent même comme ayant une valeur prédictive importante.

MÉTHODE

Une étude transversale a été menée en cabinet de médecine générale dans le département du Puy-de-Dôme entre le 15 et le 17 juin 2015. Les données étaient recueillies par auto-questionnaires auprès de patients traités depuis au moins un an pour une maladie chronique (diabète, hypertension artérielle, syndrome anxiodépressif, dysthyroïdie, pathologies cardiaques, rhumatologiques…).

Les représentations sur les médicaments étaient évaluées par le Beliefs about Medicines Questionnaire (BMQ) et l’observance par le test d’évaluation de l’observance (TEO) de Girerd (Tableau 1).

RÉSULTATS

Concernant les scores d’observance, sur 265 patients inclus, 108 patients (40,8 %) déclaraient une bonne observance. 141 (53,2 %) des minimes problèmes d’observance et 16 (6 %) une mauvaise observance. Les meilleurs scores étaient observés chez les personnes âgées de plus de 60 ans, les femmes, ainsi que chez les patients ayant consulté un médecin femme. La polypathologie (2 pathologies ou plus) n’avait pas d’effet.

► Concernant les scores de représentation, sur les 265 patients, les résultats des scores du BMQ indiquent que 218 (82,3 %) perçoivent leur traitement comme « nécessaire » et 76 (28,7 %) comme « inquiétant ». Et 31 (11,7 %) sujets le jugent comme plus « inquiétant » que « nécessaire » avec une balance bénéfices/risques en défaveur de leur traitement. Un nombre élevé de médicaments était corrélé à un score de « nécessité » élevé.


Les patients ayant un sentiment d’« inquiétude », de « préjudice » ou de « surprescription » vis-à-vis de leur traitement étaient également moins observants.
Clairement, le degré d’observance des patients est significativement lié aux représentations qu’ils ont de leurs médicaments. Ainsi, les mauvais observants considèrent leur traitement comme « plus inquiétant que nécessaire » et ont un score élevé sur les échelles « inquiétudes », « préjudices » et « surprescription ».
Un score « nécessité » élevé est en revanche corrélé à une bonne observance.

CONCLUSION

Cette étude confirme le lien entre l’observance des patients atteints de maladies chroniques et leurs représentations sur leurs médicaments. Selon les auteurs, le BMQ pourrait permettre d’identifier des patients « à risque » de non-observance « afin d’orienter le dépistage sur ces patients, et ainsi cibler les actions d’éducation thérapeutique ».

Référence

1- Deat J, Moulin M, Mulliez A, Vorilhon P, Horne R, Tanguy G. Croyances à propos des médicaments et observance chez les patients atteints de maladie chronique. Exercer 2017;138:436-43. https://www.exercer.fr/numero/138/page/436/

 

Dr Linda Sitruk

Source : Le Généraliste: 2820