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Des progestatifs qui font le poids

Publié le 13/05/2011
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La contraception progestative seule a la réputation de provoquer une prise de poids, alors qu’il s’agit d’une contraception efficace pour les femmes ayant une contre-indication aux estrogènes. C’est de ce constat que part la Cochrane Collaboration pour se prononcer sur les effets sur le poids des progestatifs seuls dans leur indication contraception.

-› Après une sélection sévère, les auteurs de cette revue Cochrane ont colligé 15 études menées sur des femmes ayant reçu une contraception progestative seule durant au moins 3 cycles, que celle-ci soit prise par voie orale (lévonorgestrel, noréthistérone), injectable (acétate de médroxyprogestérone), ou par l’intermédiaire d’un implant (lévonorgestrel). Le critère primaire d’évaluation était la modification du poids, de l’indice de masse corporelle (IMC) ou de la composition corporelle (pourcentage de masse grasse et de masse maigre). La contraception progestative seule a pu ainsi être comparée aux autres contraceptions hormonales et à la contraception non hormonale. À noter que la noréthystérone n’est pas utilisée en France en contraception progestative seule, mais est associée à un estrogène dans certaines pilules combinées.

-› Parmi les 15 études, 4 seulement ont objectivé une différence significative quant au critère primaire d’évaluation : 2 ont été menées avec l’acétate de médroxyprogestérone, 2 avec l’implant au lévonorgestrel (en France, l’implant contraceptif progestatif contient de l’étonorgestrel). Dans l’une des études, les adolescentes utilisant l’acétate de médroxyprogestérone (déconseillé dans notre pays dans cette population) ont vu au bout de 6 mois leur masse grasse augmenter (+ 11 %) et leur masse maigre diminuer davantage (- 4 %) que celles ayant une contraception non hormonale (dont le dispositif intra-utérin non hormonal). Mais ces différences disparaissent lorsque les utilisatrices d’acétate de médroxyprogestérone sont comparées à celles prenant une autre contraception hormonale incluant un estrogène. S’agissant de l’implant progestatif, même constat : on observe un gain de poids en valeur absolue par rapport au DIU non hormonal, aux méthodes barrière ou à l’absence de contraception.

-› Les auteurs concluent qu’en réalité, le gain de poids à 6 ou 12 mois sous contraception progestative seule est limité, atteignant moins de 2 kg en moyenne dans la plupart des études. Des prises de poids plus importantes sont notées à 2 et 3 ans, mais, chose importante, sont similaires à celles observées chez les sujets utilisant un autre moyen de contraception. Conclusions qui seraient de nature à réduire les arrêts intempestifs de contraception par des femmes chez lesquelles les progestatifs seuls présentent par ailleurs une bonne efficacité.

Dr Pascale Naudin-Rousselle (rédactrice, fmc@legeneraliste.fr)

Source : lequotidiendumedecin.fr