Mme. V., 55 ans, souffre d’un diabète de type 2 depuis de nombreuses années. Elle sait gérer avec efficacité les variations de sa glycémie mais a du mal à perdre du poids malgré les recommandations de son médecin traitant…
Un échange entre médecin et patient
Le suivi des patients souffrant de diabète est sans doute le modèle le plus abouti d'un partenariat responsable entre médecins et patients. Les associations de malades ont beaucoup participé à cette responsabilisation des patients. L'univers de diabétologie a encouragé cette « culture » de la responsabilité en promouvant l'éducation thérapeutique de ces patients. Mais chaque patient a sa part d'irrationnel ; « savoir » ne suffit pas toujours à ce que les comportements changent.
Par exemple, la persistance d’une surcharge pondérale peut témoigner d’un régime et d'une hygiène de vie mal suivis pour des raisons plus ou moins conscientes. Dans tous les cas, il ne faut pas dramatiser les écarts et éviter toute culpabilisation. Le médecin peut ainsi proposer de réduire les apports caloriques, adapter le régime à une bonne régulation glycémique et faire un peu plus de marche pour perdre un à deux kilos au bout d'une semaine. Mais l’amaigrissement touche à l’image du corps et concerne l’identité physique du malade ; il faut donc prendre en compte plusieurs dimensions (sens et vécu de ce surpoids, caractère familial…).
Bien différencier le malade de la maladie
Autre écueil : focaliser les échanges entre médecin et patient sur les chiffres. Il existe alors un risque que le patient se sente réduit à une succession de données chiffrées comme ses taux d’hémoglobine glyquée ou de glycémie…… Or le patient ne se résume pas à sa maladie. Aussi est-il important de les différencier. Il est préférable de dire « Vous avez un diabète » plutôt que « Vous êtes diabétique » : les mots utilisés marquent l’imaginaire d’une manière préconsciente et témoignent du regard porté sur son patient. Dans le « Vous êtes diabétique », le patient est stigmatisé, et défini par sa maladie devenue une marque d’identité.
Prendre en compte les représentations mentales
L’annonce du diagnostic ne va pas de soi pour le patient. Il peut la vivre douloureusement, d’autant qu’elle le renvoie à un statut de malade lui infligeant une blessure narcissique. Il faut annoncer progressivement la maladie, l’expliquer, proposer un suivi médical régulier et donner les éléments de ce suivi et ce qu’on peut en attendre.
L’intérêt de cette approche est de nouer une relation de confiance, de prévenir des réactions défensives comme le déni de la maladie et son risque corollaire : celui de refuser de se soigner. Elle permet aussi au patient, étape par étape, d’accepter l’idée d’une maladie chronique plus ou moins rapidement évolutive et dont le traitement pourra ralentir l’évolution, acceptation qui est un préalable à l’adhésion thérapeutique.
Difficile pour un patient souffrant d’un diabète de type 2 de se figurer précisément cette maladie au départ asymptomatique, c'est-à-dire invisible. Pour expliquer la maladie et la ramener à de plus justes proportions, loin de peurs parfois irrationnelles (amputations, perte de la vue…), il faut partir de ses représentations ; le médecin pourra alors donner une information précise sur les risques réels et ce que l'on peut attendre des traitements mis en œuvre. g
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