Pancréatite aiguë

Exit l’amylasémie, vive la lipasémie !

Publié le 18/09/2009
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Le service évaluation des actes professionnels de la HAS s’est prononcé l’été dernier en faveur de l’abandon du dosage de l’amylasémie au profit de celui de la lipasémie pour le diagnostic biologique de pancréatite aiguë (PA) (1).

La lipase est une enzyme d’origine essentiellement pancréatique, libérée par le tractus digestif pour la digestion des graisses. La pancréatite aiguë est une pathologie inflammatoire à la fois locale, régionale et générale ayant une importante mortalité (de 2 à 5 %) et morbidité. En France, 4 % des patients hospitalisés en chirurgie pour douleurs abdominales ont une pancréatite aiguë et les pancréatites aiguës graves en représentent 20 à 25 % des cas. L’incidence de la PA dans la population générale varie entre 5 et 50 cas pour 100 000 habitants

En 2001, la conférence de consensus française consacrée au sujet a délivré trois messages essentiels concernant le diagnostic biologique :

– toute douleur abdominale aiguë intense associée à une augmentation de la lipasémie supérieure à 3 fois la normale, mesurée dans les 48 premières heures suivant le début des symptômes doit faire suspecter une PA ;

– l’intérêt de l’association du dosage de l’amylasémie et de la lipasémie par rapport au dosage isolé de la lipasémie n’est pas démontré ;

– la valeur diagnostique de l’amylasémie et de la lipasémie est étroitement dépendante du délai écoulé entre le début de la pancréatite aiguë et le moment de leur dosage.

Cependant, malgré cette recommandation, le nombre de dosages de l’amylasémie en France restent très élevé. Les chiffres de l’Assurance maladie révèlent un taux d’évolution de son dosage de plus de 31 % entre 2006 et 2007 et un volume de dosages de l’amylasémie, par ailleurs, supérieur d’environ 50 % à celui de la lipasémie.

Ainsi, les conclusions des 2 conférences de consensus (Santorini 1999, Consensus français 2001) ainsi que celles des recommandations étrangères et internationales éditées depuis 2001 se résument comme suit :

- la lipasémie a une efficacité diagnostique supérieure à celle de l'amylasémie pour le diagnostic de la pancréatite aiguë ;

- le diagnostic d’une pancréatite aiguë est établi en présence d’un tableau clinique évocateur et d’une élévation de la lipasémie à 3 fois la normale ;

- le diagnostic de la pancréatite aiguë ne doit pas reposer uniquement sur une concentration seuil arbitraire de 3 fois la normale. En cas de lipasémie inférieure à 3N, il faut tenir compte du temps écoulé entre le dosage de la lipasémie et le début des signes cliniques ;

- le diagnostic de la pancréatite aiguë doit être réalisé le plus tôt possible et idéalement dans les 48h après le début des signes cliniques.

Dr Linda Sitruk (fmc@legeneraliste.fr)

Source : lequotidiendumedecin.fr