Une étude menée par le département de médecine générale de Brest et récemment parue dans la revue Exercer montre qu’il est hasardeux de se fier aux résultats des INR prélevés à domicile. Un travail d’importance puisqu’en 2007, les AVK ont été responsables de 17 000 hospitalisations et de 4000 à 5000 décès. Et les INR prélevées à domicile représenteraient 48 % à 66 % de tous les prélèvements.
En 2006, une thèse de médecine générale avait mis la puce à l’oreille. L’enquête réalisée auprès de médecins généralistes, de biologistes et d’infirmiers libéraux du Finistère montrait que les conditions de réalisation des prélèvements n’étaient pas optimales.
En effet, les conditions de réalisation du prélèvement sanguin doivent impérativement respecter certaines conditions de prélèvement. La ponction sanguine doit être franche, de préférence sans garrot. La centrifugation est immédiate dans l’idéal ; elle peut être retardée de 2 heures au maximum mais dans ce cas, l’analyse doit avoir été réalisée rapidement. Enfin, la conservation se fait à température ambiante et pas au froid. Le respect de toutes ces conditions conduisant les laboratoires à demander au patient de se déplacer.
L’étude brestoise a cherché à connaître les conditions de réalisation des prélèvements au domicile de patients, leur durée d’acheminement et la qualité des réactifs utilisés par les laboratoires.
La méthode épidémiologique retenue a été celle d’une étude descriptive transversale de prévalence. Pour évaluer les pratiques des intervenants, les questionnaires ont été envoyés entre janvier et mars 2008 dans 4 départements bretons auprès d’infirmiers libéraux, de médecins généraliste et biologistes.
Ainsi, les prélèvements étaient effectués dans des tubes inadaptés dans 5,5 % des cas et acheminés au froid dans 9 % des cas. En secteur urbain, la moitié des tubes mettaient plus de 2 heures pour arriver au laboratoire. En secteur rural, ce délai était dépassé dans 71 % des cas. Avec des ISI (International Sensitivity Index) moyennes à 1,62, les réactifs utilisés étaient de qualité insuffisante. Rappelons que l’ISI reflète la sensibilité de la thromboplastine à la diminution des facteurs vitamine K dépendants ; dans une situation idéale, les thromboplastines ont un ISI proche de1.
Aux auteurs de conclure que ces dysfonctionnements pourraient être une explication plausible d’une partie de la iatrogénie liée aux AVK. Parmi les solutions possibles, la plus simple semble être les dispositifs portables de contrôle de l’INR ; mais leur coût contraint de réserver le remboursement aux enfants sous AVK porteurs de valves mécaniques. Pour l’heure, la première recommandation est d’inciter les patients à contrôler leur INR directement au laboratoire. Pour les patients qui ne peuvent se déplacer, il faudrait inciter les infirmiers à pratiquer les INR en fin de tournée ou de les déposer rapidement au laboratoire afin de réduire les délais d’acheminement.
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