Alors que depuis quelques années, plusieurs publications ont remis en question l’efficacité des campagnes annuelles de vaccination contre la grippe des personnes âgées et des professionnels de santé, le Haut Conseil de la Santé Publique a nettement tranché en mars 2014 en faveur de la poursuite des stratégies vaccinales au terme d’un épluchage méticuleux de la littérature (1).
› C’est la DGS qui a ordonné la saisine du HCSP suite à une méta- analyse de janvier 2012 qui évaluait à 59% l’efficacité des vaccins anti grippaux inactivés chez les adultes de 18 à 65 ans. D’autres études concluaient même à des taux inférieurs. D’autres analyses étaient aussi peu enthousiasmantes : 56% d’efficacité du vaccin en population observée par les CDC américains en février 2013 et 27% chez les sujets de plus de 65 ans pour le vaccin contre le A(H3N2).
› Le HCSP vient donc de trancher favorablement avec des arguments qui tiennent à la fois compte des données de l’EBM mais aussi de la balance bénéfice/risque du vaccin. Ainsi pour les personnes âgées, « l’absence de démonstration d’efficacité (pour des raisons méthodologiques) de la vaccination contre la grippe saisonnière dans certaines populations ne signifie pas que celle-ci ne soit pas efficace. D’autres études en effet, notamment françaises, permettent d’attribuer au vaccin une efficacité dans ces populations » et les experts avancent en faveur de leur décision que les vaccins grippaux ont « un bon profil de tolérance » et donc que le rapport bénéfice/risque est positif.
› Le HCSP rappelle que la recommandation de vacciner les personnes âgées et jugées à risque date de 1985, en application pure et simple de la stratégie vaccinale américaine. Et que depuis, aucune étude randomisée vs placebo – qui apporterait une preuve d’efficacité formelle – n’est désormais possible. Aussi, l’évaluation précise de l’impact du vaccin antigrippal au travers d’études est rendue difficile en raison de l’absence de spécificité clinique du syndrome grippal, de la variation annuelle de la composition du vaccin, des glissements antigéniques possibles des souches virales à l’origine d’une mauvaise concordance avec les virus circulants, de la faible puissance des études réalisées sur des populations sélectionnées, etc.
› Concernant les professionnels de santé, cette catégorie représente « un groupe avec un risque d’infection grippale probablement supérieur à celui de la population générale. » Il a, en effet, été démontré que la vaccination des soignants diminue le nombre d’infections documentées, de syndromes grippaux et réduit l’absentéisme mais dans des proportions « pas toujours significatives selon les études ».
› Fort de ses conclusions, le HCSP va au-delà des recommandations communément admises en envisageant une stratégie de cocooning, avec la protection indirecte des personnes les plus à risque de complications, par vaccination des enfants de l’entourage.
› Les experts en appellent donc à la mise à disposition du vaccin grippal vivant par voie nasale qui permettrait une meilleure acceptabilité du vaccin par le grand public et, donc, améliorerait la couverture vaccinale.
Haut Conseil de la Santé Publique. Grippe saisonnière : vaccination des personnes âgées et vaccination des personnels soignants. Rapport. Mars 2014.
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique
Recommandations
Antibiothérapies dans les infections pédiatriques courantes (2/2)