La pression artérielle (PA) connaît des variations saisonnières avec de faibles valeurs lorsqu’il fait chaud et de hautes valeurs quand le climat est froid. C’est un phénomène global qui affecte les deux sexes, tous les âges, les normo et hypertendus. Il est en partie dû aux conséquences de la thermorégulation : à la vasodilatation en été, et à la vasoconstriction en hiver avec un effet sur les résistances périphériques. Chez les patients souffrant d’HTA, ces variations peuvent entraîner une réduction trop marquée de la PA l’été et une insuffisance de traitement l’hiver, deux situations nécessitant une modulation du traitement.
La Société européenne de cardiologie a publié un consensus sur la variation saisonnière de la PA dans ses aspects épidémiologiques, physiopathologiques et son importance en pratique*. Ces recommandations s’adressent aux médecins pour les aider dans l’évaluation et la conduite à tenir chez les hypertendus qui requièrent une modification de traitement.
→ Hausse de la température. Chez les hypertendus traités, tout symptôme apparaissant en cas de chaleur, comme une fatigue inhabituelle ou une hypotension orthostatique, doit faire suspecter un surdosage en anti-hypertenseur. Une étude récente portant sur 667 sujets montre que près de 14 % des patients consultant en été ont vu leur traitement diminuer, surtout en ce qui concerne les diurétiques.
→ Baisse de la température. À l’inverse, une hausse des chiffres tensionnels par temps froid doit pousser à réévaluer le traitement médicamenteux. D’autant que le risque cardiovasculaire est majoré par temps froid en cas de maladie coronaire ou d’insuffisance cardiaque associée.
Ces variations saisonnières doivent être confirmées par des mesures répétées de la PA en consultation, ou mieux, par auto-mesure tensionnelle ou par MAPA (mesure ambulatoire de la pression artérielle). D’autres causes de variations de la PA doivent être éliminées, comme la déshydratation, la perte de poids pour la PA trop basse, et la compliance incertaine ou la prise d’alcool pour la hausse de PA.
Ces variations saisonnières peuvent affecter les voyageurs transitant de régions froides à des destinations à climat chaud, ou inversement. Les hypertendus doivent en être informés et faire si besoin leur autocontrôle tensionnel (par un appareil d’auto-mesure).
Des niveaux de pression artérielle en dessous des objectifs suggèrent un allègement du traitement, en particulier s’il existe des symptômes évocateurs de surdosage. L’allègement du traitement doit être progressif, en prenant en compte les comorbidités. Le choix des molécules doit permettre un contrôle de la PA sur les 24 heures. Une pression artérielle systolique inférieure à 110 mm Hg nécessite de réévaluer le traitement, même chez des patients asymptomatiques. Des travaux complémentaires sont à conduire pour définir une prise en charge optimale des variations saisonnières de la pression artérielle.
* Seasonal variation in blood pressure: Evidence, consensus and recommendations for clinical practice. Journal of Hypertension 2020.
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique
Recommandations
Antibiothérapies dans les infections pédiatriques courantes (2/2)