Une récente étude parue dans Exercer s’est intéressée à l’évaluation de l’inertie thérapeutique chez les patients hypertendus consultant en médecine générale et aux motifs de non-modification du traitement (1). L’inertie thérapeutique (IT) est une notion récente, définie par l’absence d’augmentation ou de modification du traitement chez un patient dont la pression artérielle est insuffisamment contrôlée lors de plusieurs consultations.
-› L’étude observationnelle en question s’est intéressée aux 533 dossiers de patients hypertendus entre janvier 2005 et décembre 2007, soit un total de 6 874 consultations analysées. Le référentiel définissant l’HTA non contrôlée s’est appuyé sur les recommandations 2005 de l’HAS. Ainsi, étaient considérées comme inertie thérapeutique les situations suivantes :
- absence de modification de traitement malgré une valeur de PA › 130/80 mm Hg en cas de diabète ou d’insuffisance rénale chronique, et à 140/90 mm Hg dans les autres cas, lors de deux consultations successives ;
- intervalle minimum de 30 jours entre les deux consultations ;
- absence de modification de traitement dans les 90 jours précédant la consultation la plus récente.
Des scores d’inertie thérapeutique et de justification ont été calculés en analysant les consultations.
-› Ainsi, sur les 6 874 consultations, un changement thérapeutique était indiqué dans 1 536 cas et n’a pas été réalisé dans 1 294 cas, ce qui correspond à un score d’IT de 84,2 % lors des consultations.
L’IT augmenterait significativement avec l’âge. Parmi les raisons susceptibles d’expliquer cette plus grande tolérance aux chiffres élevés d’HTA chez le sujet âgé, on retrouve les poly pathologies, les traitements multiples avec interactions médicamenteuses, et la crainte des effets indésirables.
L’IT augmente aussi cas de diabète et d’IRC. Les médecins ont justifié leur inertie dans près de 38 % des consultations. Et 46 % des justifications étaient relatives à une maladie intercurrente.
Neuf fois sur dix, les justifications évoquées par les médecins semblaient légitimes, reflétant une pratique centrée sur le patient dans 34 % des consultations. Rappelons que la notion de pratique centrée sur le patient intègre la dimension individuelle et humaine de la médecine, relativisant la portée de l’IT. L’intensification thérapeutique n’est pas toujours possible, les patients ayant d’autres problèmes justifiant l’attention lors de la consultation.
-› Aux auteurs de conclure que les efforts doivent être poursuivis pour diffuser la notion d’IT et en diminuer l’intensité mais sans pour autant être délétère. Primum non nocere.
1- Bencherif S, Khau S, Bloede F, Lamy JB, Falcoff H. Adaptation du traitement chez les patients hypertendus : inertie thérapeutique ou pratique centrée sur le patient ? Exercer 2011 ;97 :88.
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