Alors que la question du remboursement de l’homéopathie agite la communauté médicale, une récente revue Cochrane* conclut à l’absence de bénéfice clinique dans les infections respiratoires aiguës de l’enfant.
Les auteurs ont retenu dans leur analyse huit études contre placebo ou traitement conventionnel chez des jeunes patients de moins de 16 ans. 1562 enfants ont été inclus dans ces essais. Toutes concernaient des patients souffrant d’infections respiratoires hautes. Un travail a aussi incorporé des infections basses. Trois études ont été financées par l’industrie, une par une organisation non gouvernementale, une par une institution gouvernementale, une par une université et une n’avait pas de financement déclaré.
► Globalement, toutes les études de qualité modérée (à faible risque de biais) montraient des effets bénéfiques faibles ou nuls des médicaments homéopathiques, qu’ils soient prescrits de manière individualisée par un homéopathe qualifié ou qu’il s’agisse d’un traitement standard non individualisé disponible dans le commerce.
Les auteurs retrouvent « des preuves de faible qualité » en faveur d’un effet préventif des médicaments homéopathiques non individualisés sur les infections respiratoires aigües (OR 1,14, IC à 95 % de 0,83 à 1,57) et d’un faible impact sur le recours aux antibiotiques dans deux études portant sur l'homéopathie individualisée (N = 369) (OR 0,79, IC à 95 % de 0,35 à 1,76).
Concernant l’impact sur la guérison, « les preuves sont insuffisantes », deux études poolées regroupant 155 enfants suggérant l’absence d’effet à court terme, avec un odds ratio de 1,31 en faveur du placebo. Pour l’effet à long terme, l’OR est de 0,99, très proche de la neutralité avec un intervalle de confiance de 0,10 à 9,67.
► Les auteurs n’ont pas pu évaluer la tolérance, les taux d’hospitalisation, l’absentéisme scolaire ou parental ou la qualité de vie du fait du manque de données exploitables.
Les incohérences méthodologiques ainsi que l'hétérogénéité clinique et statistique significative ont empêché « une méta-analyse quantitative robuste », prévient la Cochrane. Les études n’ont pas toutes les mêmes critères de jugement, ce qui affaiblit ipso facto la portée de leurs conclusions. Quatre se sont intéressées à l’effet curatif et les autres à l’effet préventif après un à trois mois de traitement. Plusieurs d’entre elles ont testé l’individualisation du traitement.
► Au final, « nous ne trouvons aucune preuve pour appuyer l’utilisation de l’homéopathie dans les infections respiratoires de l’enfant », concluent les auteurs.
► Alors que la HAS a été chargée d'évaluer l’efficacité et la tolérance de l’homéopathie d’ici février 2019, il est probable que cette démarche d’évaluation objective se heurte aux mêmes écueils méthodologiques que cette analyse Cochrane, faute de standardisation des essais.
Hawke K, et al. Homeopathic medicinal products for preventing and treating acute respiratory tract infections in children. Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, Issue 9Z
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