THERMALISME

La cure thermale en rhumatologie

Par
Publié le 26/10/2018
Article réservé aux abonnés

Les affections rhumatismales constituent l’indication phare du thermalisme en concernant près de 9 curistes sur 10. Plusieurs essais cliniques étayent son efficacité qui sera optimisée en combinant différentes techniques thermales.

J’EXPLIQUE

> La cure thermale dure trois semaines dans une station thermale agrée pour cette indication (RH). Le plus souvent, elle comprend quatre soins par jour sur 18 jours (en indication unique) sous contrôle médical. Les soins sont personnalisés par le médecin thermal selon le profil du curiste et ses articulations douloureuses ou limitées d’un point de vue fonctionnel.

> Différents soins sont proposés. Les bains peuvent être en piscine ou en baignoire individuelle. Il peut s’associer à des douches, des bouillonnements, des jets dirigés. Des bains localisés ou des étuves d’eau vaporisée sont indiqués pour l’arthrose des mains et des pieds.

> Les boues sont, en général, appliquées en cataplasme unique ou multiple.

> Les massages ou une mobilisation en piscine permettent une rééducation douce en immersion dans l’eau thermale.

> Une cure de boisson non décomptée dans les soins est également possible dans certaines stations.

> Les arguments en faveur du thermalisme s’appuient sur des données physiques, biochimiques et biologiques. Ainsi, la pression hydrostatique a un effet bénéfique sur la tonicité musculaire et la mobilité. La chaleur provoque la sécrétion d’endorphines avec un effet antalgique. L’association bain et boue diminue les médiateurs de l’inflammation et de la destruction cartilagineuse impliqués dans l’arthrose. Elle réduit la production d’adiponectine qui joue un rôle dans la progression de l’arthrose. Un essai a montré une élévation d’un médiateur (CTX II) favorisant l’augmentation du turn-over du cartilage. Dans la spondylarthrite, l’immersion en bain chaud diminue la sécrétion de TNF et d’interleukines inflammatoires. Les molécules soufrées ont aussi un rôle modulateur de la réaction inflammatoire.

> Une éducation thérapeutique peut être aussi proposée comme l’école du dos ou le reconditionnement physique dans la fibromyalgie. Les trois semaines de cure sont souvent l’occasion d’une reprise de l’activité physique et d’appliquer de bonnes habitudes alimentaires.

J’INFORME

> Les pathologies rhumatismales traitées en cure sont l’arthrose sous toutes ses formes, les rachialgies mécaniques, les tendinopathies, les pathologies inflammatoires en dehors des poussées, la fibromyalgie, le syndrome algodystrophique ou, dans une moindre mesure, des séquelles de chirurgie et de traumatismes.

> À terme, on peut en attendre une diminution de la douleur et de la consommation des antalgiques, une meilleure fonctionnalité articulaire, une hausse de la qualité de vie. Dans la gonarthrose la mieux documentée, l’amélioration algique et fonctionnelle dure de 3 à 9 mois selon les études.

> Pour l’arthrose des mains, la qualité de vie, la consommation médicamenteuse sont améliorées jusqu’au sixième mois.

> Dans les rachialgies, la réduction de la douleur et l’amélioration de la qualité de vie est rémanent à 6 mois. Il est intéressant de combiner aux soins thermaux un programme éducatif.

> Les rhumatismes inflammatoires sont moins fréquemment traités par les cures thermales surtout depuis l’avènement des biothérapies. La mobilisation douce permet de lutter contre l’ankylose de la spondylarthrite. Et elle peut constituer une option à considérer dans la polyarthrite rhumatoïde. Dans les pathologies inflammatoires, les techniques thermales doivent être les plus sédatives possible et en dehors de poussées inflammatoires et en l’absence d’atteinte viscérale et vasculaire.

JE PRESCRIS

> La cure est sur prescription médicale. Il faut discuter avec le patient sur la localisation parmi les 75 stations agréées. Prescrire la cure thermale sur le cerfa 11139*02.

J’ALERTE

> Les contre-indications absolues sont l’insuffisance cardiaque, pulmonaire ou viscérale, le cancer ou l’infection évolutive, la psychose et la démence.

> Attention à l’immunodépression induite par les biothérapies car elle augmente le risque d’infections bronchiques et des voies aériennes supérieures.

> Les contre-indications relatives sont l’insuffisance veineuse, l’intolérance à la chaleur et les dermatoses non contagieuses.

JE RENVOIE SUR LE WEB

medecinethermale.fr

 

Dr Muriel Gevrey. Pour en savoir plus : Queneau P, Roques C, la médecine thermale, données scientifiques, John Libbey Eurotext, 2018. ISBN 978-2-7420-1549-8.


Source : Le Généraliste: 2849