Les patients restent très attachés à la prise de la « tension » au cabinet médical. 85 % des hypertendus pratiquant l’automesure refusent l’idée de se dispenser d’une mesure médicale de leur pression artérielle, selon un travail de thèse du département de médecine générale de Tours publié dans Exercer (1).
Peu leur importe que la mesure ponctuelle soit moins fiable que l’automesure ou moins étayée scientifiquement. La prise de tension reste un symbole de la visite médicale de suivi car les patients ont une meilleure confiance en la mesure du médecin, ils ont un sentiment d’incomplétude de la consultation sans ce rite qui scelle une habitude et une composante importante de la relation médecin malade.
> L’étude descriptive a porté sur l’analyse des 229 autogestionnaires d’hypertendus pris en charge chez des médecins généralistes dans la région d’Amboise (centre val de Loire). L’objectif était de savoir quel était le pourcentage de patients acceptant de se passer d’une mesure de la pression artérielle en consultation.
> 85 % sont réfractaires à l’absence de mesure de la pression artérielle. Il faut souligner que la majorité des patients pratiquant l’automesure n’étaient pas de très bons élèves : l’utilisant depuis au maximum 5 ans, « une fois de temps en temps », « en cas de signes » ils ne bénéficiaient pas de protocoles valides ni de carnet d’automesure pour les trois quarts d’entre eux. Mais quand l’automesure est mieux cadrée et chez des patients plus jeunes, il est possible de se passer de la mesure de pression artérielle en cabinet et d’entrer dans une dynamique d’éducation thérapeutique.
> Les patients acceptant l’absence de prise de pression de consultation étaient plus jeunes de 9 ans (58 contre 67 ans) que les partisans de la prise de tension, leur traitement et leur pratique de l’AMT était moins anciens. Ils étaient traités depuis 7,5 ans contre 11,7 ans, pratiquaient l’automesure depuis 3,4 ans contre 4,7 ans.
> Leur prise en charge était mieux structurée avec un protocole valide, une fiche de suivi à jour, un document type et ces patients trouvaient l’AMT plus pertinente que la pression artérielle de consultation. Rappelons qu’un protocole valide comporte trois mesures de PA matin et soir pendant trois jours.
> L’analyse multivariée montre que l’acceptation de ne pas prendre la pression artérielle de consultation est 6 fois plus probable chez un patient de moins de 60 ans, 5 fois plus lorsque le patient a un protocole valide et 23 fois plus lorsque le médecin ne mesure plus la PA de consultation, une fois que les automesures ont été transmises.
> « Prendre ce temps d’éducation à l’AMT pourrait à la fois permettre un gain de temps de consultation et une meilleure prise en charge de son HTA par le patient » concluent les auteurs. Encore faut il s’affranchir de la valeur symbolique de la prise de tension, tellement emblématique de la consultation de médecine générale !
1- Hernandez E, Gimenez L. Et vous m’prenez pas la tension, docteur ? Exercer 2016 : 125 ; 106-7
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