UNE PÉRIODE À RISQUE NUTRITIONNEL
→ L’adolescence est une période à risque nutritionnel : alors que la croissance est maximale, l’alimentation est volontiers déstructurée. Les conduites à risque alimentaires, ou présentées comme telles, sont fréquentes : abus de fast-food et d’aliments réputés « malsains », produits potentiellement toxiques (boissons « énergisantes » dont le succès est proportionnel à la dangerosité supposée…).
→ Les ados défient le danger comme un rituel de passage à l'age adulte. Pour les convaincre de modifier leur alimentation, évoquer les risques pour leur santé future est plutôt contre-productif… Par ailleurs, il est incorrect de dire que l’alimentation volontiers déstructurée des ados favorise le développement d’une obésité : la plupart des adolescents n’ont aucun risque de devenir obèses.
→ La tranche des 12-18 ans reste celle où la prévalence des carences est la plus grande, du fait de l'alimentation déstructurée combinée au culte de la minceur.
CALCIUM ET VITAMINE D
L’adolescence est une période d'augmentation de la croissance staturale, d’augmentation de la masse grasse et d’accélération de la minéralisation osseuse (pic à 13,5 ans pour les filles et 15,5 ans pour les garçons). En 5 ans, une fille doit élaborer 9 kg de tissu adipeux et 12 kg de masse maigre, et le garçon respectivement 3 kg et 23 kg.
→ Entre 10 et 19 ans, les apports calciques quotidiens conseillés sont de 1200mg ; en pratique, on observe des apports moyens de 831 mg/j chez les 10-15 ans et même seulement 782 mg/j chez les 16-19 ans. Les apports sont particulièrement faibles chez les adolescentes : 57,9 %des filles de 15-17 ans ont des apports inférieurs aux apports nutritionnels conseillés (ANC) et 15,4 % ont des apports inférieurs à 1/3 des ANC. Cela est d’autant plus préoccupant que la masse osseuse à l’âge adulte (mesurée par DMO), qui croît normalement de 7-8 % par an à cet âge, est corrélée à l’apport calcique à l’adolescence.
→ Plus de 7 adolescentes sur 10 consomment moins de 3-4 produits laitiers par jour (en lien notamment avec le fait qu’un tiers des adolescents ne prennent pas de petit-déjeuner). Heureusement, il est possible de les remplacer par des eaux riches en calcium (voir encadré E1). Cela est généralement bien accepté, notamment chez les filles.
→ La densité osseuse nécessite également de la vit. D dont les ados vivant au-dessus de la latitude de Madrid sont systématiquement carencés, en l’absence de supplémentation. On recommande de prescrire 2 doses de 80 000 à 100000 UI en hiver (p.ex. en novembre et en février). Certains adolescents à risque doivent recevoir cette dose trimestrielle toute l’année : obésité, peau très pigmentée, absence d’exposition au soleil estival, malabsorption digestive, insuffisance rénale, corticothérapie…
L’INDISPENSABLE FER
→ Au moins 10 % des adolescents et 20 % des adolescentes ont une carence martiale, qui, outre la susceptibilité aux infections et l’asthénie, peut impacter irréversiblement les capacités cognitives (l’ado n’atteint pas le niveau intellectuel maximal qu’il était génétiquement programmé pour atteindre).
→ Les apports recommandés en fer ingéré sont de 10 mg/j pour les garçons (soit 1,6 mg de fer absorbé) et de 13 mg/j (2,3 mg) pour les filles. En France, 40 % des filles n’atteignent pas les 2/3 de la cible. En moyenne, il faut donc manger 220 g de produits carnés pour absorber 1 mg de fer : pour assurer ses apports, un adolescent, et surtout une adolescente, doit impérativement manger un produit carné 2 fois par jour.
→ La prévalence du végétarisme chez les ados français n’est pas connue ; elle serait de 2 % aux États-Unis et de 8 % au Royaume-Uni. Les raisons sont multiples : considérations éthiques sur le bien-être animal, contrôle du poids, influence parentale et religieuse…
Les végétariens s'exposent à des carences en fer et zinc ; les végétaliensà un manque de protéines, de graisses saturées, de vit. B12 et D et de calcium. Il faut impérativement expliquer à l’ado que l'homme n’est pas fait pour être végétalien. La prévalence de la carence en B12 chez les adolescents végétaliens est de 21-41 %, avec risque réel de pancytopénie et de troubles neurologiques sévères et irréversibles (sclérose combinée de la moelle).
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