Repères patient

La prise en charge de l'arthrose

Publié le 26/02/2016
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L'arthrose est la maladie la plus fréquente des articulations et touche près de 10 % de la population française. Elle affecte toutes les structures : cartilage, membrane synoviale et tissu osseux. Longtemps asymptomatique, elle se révèle souvent à un stade irréversible de destruction articulaire où elle entraîne un handicap fonctionnel important.

Arthrose du genou

Arthrose du genou
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

 

J'EXPLIQUE

 

> Le cartilage est une structure avasculaire mais très hydratée dont la principale caractéristique est son comportement visco-élastique. Celui-ci lui est conféré par un réseau complexe de fibres de collagène, de protéoglycanes et d'acide hyaluronique. La seule cellule présente normalement dans le cartilage est le chondrocyte qui assure la biosynthèse de la matrice cartilagineuse, mais peut aussi être responsable de sa destruction lors du processus arthrosique. Initialement, le cartilage se fissure puis s'amincit et, enfin, disparaît laissant entrevoir un os à nu, condensé et hypertrophique (les ostéophytes ou becs-de-perroquet).

 

J'INFORME

 

> La survenue de l'arthrose répond à plusieurs causes : génétiques (il y a des familles à arthrose), le sexe (prédominance féminine), l'âge (forte augmentation après 60 ans) et le surpoids.

> L'obésité aggrave non seulement l'arthrose des articulations portantes mais également celle des mains soulignant la participation de phénomènes mécaniques et également métaboliques.

> D'autres facteurs mécaniques peuvent intervenir dans la genèse de l'arthrose : les traumatismes et microtraumatismes répétés, les antécédents chirurgicaux (méniscectomies), les anomalies d'axe genu varum ou valgum, dysplasies de hanche.

 

JE PRESCRIS


> La prescription chez le patient arthrosique doit tenir compte d'un grand nombre de critères et utiliser de nombreux moyens afin d'aboutir à une prise en charge optimale. Les deux éléments essentiels sont la prise en compte de la douleur et du handicap.

 

> La douleur peut devenir une maladie en soi dans les maladies chroniques et particulièrement dans l'arthrose. Le paracétamol est la base du traitement antalgique. Il doit être utilisé à posologie optimale (3 à 4 g/j) à intervalles réguliers avant que ne réapparaisse la douleur. Les AINS par voie générale seront réservés aux poussées congestives et la durée d'utilisation ne devra pas dépasser quelques jours. Les AINS locaux peuvent être utiles pour les articulations superficielles (mains, genoux). Dans les formes plus sévères, des associations paracétamol-tramadol, voire gabapentine et prégabaline peuvent être intéressantes en cas de composante neuropathique de la douleur. Les antidépresseurs ont une action sur l'humeur mais aussi sur la douleur liée à l'insuffisance du système inhibiteur descendant, leur utilisation mérite certainement d'être étendue. Certains patients peuvent tirer bénéfice de l'hypnose, de la sophrologie,  de l'acupuncture ou des thérapeutiques psycho-comportementales.

> Côté handicap, des aides de marche, la rééducation et l'ergothérapie ne doivent pas être négligées. Il ne faut pas cependant retarder inutilement le moment de la chirurgie, surtout pour des interventions « gagnantes » comme la prothèse totale de hanche.

> Des mesures alternatives, comme les cures thermales, sont intéressantes dans les formes d'arthrose diffuse ou chez les patients fragiles présentant des contre-indications médicamenteuses.

> Les médicaments anti-arthrosiques d'action lente sont intéressants car ils peuvent stabiliser la maladie arthrosique tout en n'ayant pas d'effets secondaires significatifs. Ils sont regroupés en différentes familles : chondroïtine sulfate, glucosamine ou insaponifiables de soja et d'avocat. On regrettera cependant leur déremboursement récent.

> Il faut éviter l'isolement du patient, source de dépression et de majoration des douleurs, par la mise en contact avec des associations de patients, voire la participation à des groupes d'éducation thérapeutique.

 

J'ALERTE


> Éviter autant que possible les AINS au long cours, notamment chez les patients les plus âgés, ceux atteints de comorbidités importantes (insuffisance rénale, HTA, antécédents vasculaires cardiaques, artériels et cérébraux).

 

> Favoriser chaque fois que c'est possible les traitements locaux : infiltrations de corticoïdes, injections d'acide hyaluronique, applications d'anti-inflammatoires en gels ou en pommades.

> Les suites de certaines interventions orthopédiques lourdes (prothèse totale du genou) peuvent s'accompagner d'une morbidité importante (phlébite, embolie pulmonaire, sepsis sur prothèse). Une information claire sur ces risques doit être donnée en pré-opératoire aux patients.

 

JE RENVOIE SUR LE WEB


Association française de lutte antirhumatismale. www.aflar.org

 

Dr Eric Thomas (PH, département de rhumatologie, CHU Lapeyronie, Montpellier)

Source : Le Généraliste: 2749