Leur piqûre entraîne des réactions locales ou loco-régionales, parfois générales, sans commune mesure avec celles induites par les Hyménoptères, abeilles ou guêpes. Toutefois les consultations sont fréquentes pour les réactions après piqûres de moustiques, en particulier chez les jeunes enfants, avec la question « allergie au moustique ou non ».
Abondants dans les régions chaudes où ils se reproduisent en toute saison, ils ne sont pas rares dans les régions froides et tempérées où ils apparaissent pendant l’été. Les femelles munies de pièces buccales se nourrissent de sang en enfonçant une aiguille effilée et deux stylets dans le derme. Les mâles à régime végétarien se nourrissent surtout du nectar des fleurs, jouant un rôle pollinisateur. Les espèces de référence sont Aedes (Stegomyia) ægypti L. (anophèle). Le moustique commun, Culex pipiens, ne transmet pas de maladie. Le moustique-tigre (Stegomyia albopicta), originaire d’Asie du Sud-Est est l’espèce la plus invasive dans le Monde, présent dans 100 pays sur tous les continents. Il transmet le Chikungunya, la dengue et, en zone tropicale, une trentaine d’arboviroses.
SYMPTÔMES
En piquant, le moustique injecte sa salive et le contenu des diverticules œsophagiens. Les individus piqués éprouvent normalement une douleur et une irritation locale : papule prurigineuse (< 20 mm de diamètre) avec érythème, disparaissant le plus souvent en quelques heures (1). En France, les piqûres de moustiques, y compris celles du moustique tigre, ne provoquent pas de symptômes plus importants.
Leurs conséquences sont invalidantes, altérant la qualité de vie de la famille : - insomnies ; prurigo ; grattage ; surinfections.
› Chez le patient allergique à la piqûre, on observe 2 types de réactions, locales et/ou retardées.
- La réaction locale immédiate associe :- douleur dans les 15 minutes suivant la piqûre, durant de quelques heures à 24 heures et/ou, - papule prurigineuse avec érythème local pouvant dépasser 50 mm de diamètre. L’un ou l’autre de ces symptômes, isolés ou associés, doit faire évoquer une allergie au moustique.
- La réaction retardée (plusieurs heures après la piqûre) est une papule indurée et prurigineuse pouvant persister plusieurs jours à plusieurs semaines ; elle peut atteindre 12 à 15 centimètres de diamètre (1). Plus rarement on observe des éruptions vésiculeuses ou hémorragiques ou bulleuses, de la fièvre avec arthralgies évoquant un phénomène d’Arthus, des réactions généralisées.
› Au Canada, Simons et Peng (2,4) ont décrit sous le nom de « syndrome de Skeeter » une réaction inflammatoire étendue, avec souvent de la fièvre, des vomissements, parfois de l’asthme, surtout chez les jeunes enfants. Les piqûres multiples de la face peuvent simuler une cellulite faciale (2). D’autres cas ont été rapportés dans plusieurs autres pays, à tous les âges. Outre le Canada, le syndrome de Skeeter a été rapporté dans plusieurs pays : Argentine, Japon, Mexique, Scandinavie, Japon et même en Italie, pas en France à notre connaissance (références 2-4)
› Il n’existe pas d’étude épidémiologique sur la fréquence de ces réactions, jusqu’ici considérées comme banales.
DIAGNOSTIC
Il repose sur :
- l’interrogatoire (survenue des piqûres le soir ou la nuit, par temps chaud et orageux, personnes réceptives en particulier les petits enfants),
- l’aspect des lésions cutanées,
- la positivité du prick test (PT≥3 mm),
- le dosage des IgE sériques spécifiques (CAP-Rast© ≥ 0,35 kUA/l avec Rast i71, Aedes communis) (1).
Le dosage des IgG4s témoigne de l’acquisition d’une tolérance (désensibilisation naturelle et progressive à la suite des piqûres). Lorsque les allergènes (seuls ceux du corps entier sont actuellement disponibles) seront mieux connus (en particulier ceux de la salive) le diagnostic et la désensibilisation seront plus performants .
› Un diagnostic différentiel : l’allergie aux simulies (5). Les simulies sont des moucherons, diptères hématophages, responsables de l’onchocercose humaine à Onchocerca volvulus en Afrique (cécité des rivières). En France, des attaques de simulies ont été signalées dans plusieurs régions : sur les bords de la Neumé (Vosges) (1978), en Camargue, dans le Var. Les morsures de simulies provoquent une papule érythémateuse, prurigineuse, centrée par le point hémorragique et un œdème local. Ces réactions peuvent être invalidantes avec œdème extensif atteignant les articulations sus et sous-jacentes, lymphangite, placards hémorragiques, et même des réactions générales (urticaire, œdème de Quincke, fièvre). Une association à une allergie aux piqûres d’autres insectes (moustiques, taons, abeilles, guêpes) (5).
FACTEURS DE RISQUE
On peut citer : - les non autochtones travaillant à l’extérieur dans les zones infestées par les moustiques ; - les jeunes enfants ne bénéficiant pas d’une immuno-protection maternelle ; - les cas très rares d’allergie croisée « guêpe-moustique » dues à allergène commun de PM (poids moléculaire) 44 kDa (kilodaltons) ; - récemment plusieurs cas d’affections malignes ont été rapportés après piqûres de moustiques chez des individus jeunes (6-8). Attention, la survenue d’une anaphylaxie après piqûre de moustique doit faire rechercher systématiquement une mastocytose (9-10) (lire encadré).
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
En cas de réaction locale ou locorégionale inflammatoire gênante, les corticoïdes locaux sont indiqués, associée à des antiseptiques locaux et à des anti-H1 (en particulier la cétirizine. Ils peuvent être prescrits à titre préventif, quotidiennement, pendant la durée du risque). Si réaction systémique (rare) l’injection d’adrénaline est justifiée (1).
TRAITEMENT PRÉVENTIF
Des agents répulsifs sont recommandés (1,11). La citronnelle et la vitamine B1 sont peu efficaces. La diéthyltoluamide (DEET) sous forme de crème à 3,5 % est efficace. On peut essayer le pyrèthre (pyréthrine, insecticide naturel extrait du Pyrèthre de Dalmatie et de certaines Astéracées).
› Les recommandations importantes sont :
- le port de vêtements couvrants,
- l’utilisation de répulsifs pour éloigner les insectes. Avant 1 an (citriodol) ; entre 1 et 3 ans (éthylhexanediol, citriodol) ; enfants de 3 à 10 ans (éthylhexanediol, citriodol) ; enfant de plus de 10 ans et adultes (diéthyltoluamide à 35-50%). L’éthylhexanediol et le diéthyltoluamide (DEET) sont contre-indiqués pendant la grossesse.
- chez les enfants de plus de 3 ans, imprégner les vêtements de produits à base de perméthrine, qui reste efficace pendant deux mois, même après cinq lavages à 60 °C avec savon. La perméthrine est contre-indiquée chez l’enfant de moins de 3 ans. Le port du vêtement imprégné ne doit pas excéder 1 mois (11).
› Les indications de l’immunothérapie spécifique (ITS) seront revues avec la mise à disposition d’extraits purifiés et d’allergènes recombinants, car actuellement elles utilisent les extraits de corps entiers (1, 12, 13). Toutefois de bons résultats ont été obtenus par certains allergologues, en particulier dans une étude en double aveugle versus placebo pendant 1 an chez 40 patients allergiques à Culex quinquefasciatus atteints de rhinite et/ou d’asthme (13). Une ITS peut être envisagée chez les jeunes enfants réagissant par des réactions générales ou des réactions cutanées sévères (1). Cette attitude est licite pour les adultes, en particulier les nouveaux habitants de zones infestées par des moustiques et par conséquent non encore immunisés.
La désensibilisation naturelle
Elle apparaît au bout de quelques années. Les nourrissons et les jeunes enfants présentent un risque augmenté de réactions allergiques. Leurs symptômes sont plus sévères qu’aux autres âges de la vie. Le délai entre la première piqûre de moustique et l’apparition de la tolérance, mal connu, est variable (1).
Mise au point
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Étude et pratique
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Cas clinique
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Recommandations
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