J’EXPLIQUE
• Le syndrome de l’intestin irritable (SII), ou colopathie fonctionnelle, associe à des degrés divers douleur abdominale, troubles du transit et ballonnements. On distingue le SII avec diarrhée prédominante (SII-D), le SII avec constipation prédominante (SII-C) et le SII avec alternance des deux symptômes (SII-A).
• Le SII n’est pas une maladie psychosomatique. Il existe d’authentiques anomalies : troubles de la motricité intestinale et hypersensibilité
viscérale.
• Le microbiote semble jouer un rôle, d’autant que, dans 20 % des cas, un SII typique survient après une gastro-entérite aiguë.
• En moyenne, un colopathe aura trois jours d’arrêt de travail/an et 5-10 % seront hospitalisés au moins 24 h. 28 % voient leur sexualité perturbée.
JE MONTRE
J’INFORME
• Le SII est une pathologie chronique, récurrente et imprévisible. Parfois, les symptômes sont quotidiens ; parfois, il s’agit de crises. Les améliorations prolongées sont rares.
• La prise en compte du stress doit toujours être interrogée.
• L’activité physique diminue significativement la sévérité du SII.
• On préconise actuellement un apport limité en fibres (dont le bénéfice modeste concerne uniquement les SSI-C). Les fibres insolubles (son de blé) aggravent le ballonnement.
• Certains sucres fermentescibles (« Fermentable Oligo-, Di-, and Monosaccharides And Polyols » = FODMAPs) peuvent aggraver la distension intestinale et produire des gaz. Cependant, le régime pauvre en FODMAPs est difficile à maintenir à long terme, et les fruits, légumes et céréales sont essentiels à l’équilibre alimentaire et à la prévention du cancer colorectal.
• En cas de ballonnements, il faut prendre le temps de mastiquer et éviter haricots secs et blancs, choux, boissons gazeuses, gommes à mâcher...
• En cas de diarrhée, il faut chercher à réduire les apports alimentaires riches en résidus, l’alcool, le tabac et le café.
JE PRESCRIS
• Le traitement des douleurs repose sur les antispasmodiques à la demande lors des poussées symptomatiques, mais en aucun cas au long cours. On ne peut pas prédire quelle molécule sera efficace. Leur effet s’estompe souvent avec le temps et peut imposer une rotation de molécule. Un traitement sans efficacité initiale ne doit pas être poursuivi. Le gain thérapeutique est de 10-12 % par rapport au placebo.
• Les traitements de 1re intention sont les antispasmodiques dans les formes avec douleurs abdominales et/ou ballonnements ; les laxatifs pour les patients avec SII-C et SII-A ; les anti-diarrhéïques pour les formes avec SII-D.Si le transit doit être ralenti, le lopéramide est utilisable. En cas de constipation, les laxatifs osmotiques (macrogol) sont préférés aux laxatifs de lest (son, mucilages) qui majorent le ballonnement.
• En 2e intention et dans les formes douloureuses persistantes, un traitement antidépresseur (fluoxétine 20 mg, paroxétine 10 à 40 mg/j) est parfois proposé, mais mal codifié.
• Certaines souches de probiotiques pourraient être utiles (Bifidobacteria et S. boulardii, surtout ), sans pour autant que l’on puisse formuler des recommandations claires.
• L’hypnothérapie diminue durablement l’intensité des symptômes mais son coût est élevé. Les TCC sont également envisageables. D’autres approches telles que l’acupuncture, l’ostéopathie, la sophrologie sont à l’étude.
• À l’avenir, une meilleure identification des mécanismes dominants chez chaque patient permettra, sans doute, de personnaliser la prise en charge.
J’ALERTE
• La recherche de signes d’alarme est essentielle : survenue > 50 ans, sang dans les selles, diarrhée chronique abondante, antécédents familiaux colorectaux, résistance au traitement, modification récente des symptômes, amaigrissement, anémie.
• Une exclusion transitoire des aliments incriminés peut être réalisée, mais, en l’absence d’amélioration clinique nette et prolongée (> 4 semaines), leur réintroduction doit être réalisée, sous peine de carences nutritionnelles et de retentissement social. Les tests d’allergie ne doivent pas être réalisés.
Certains laxatifs en vente libre sont irritants (séné, anthraquinones, rhubarbe…) et, à long terme, peuvent générer une mélanose colique et des troubles de la motricité colique.
JE RENVOIE SUR LE WEB
Le syndrome de l’intestin irritable. Bande dessinée disponible sur https://www.apssii.org/_downloads/bande_dessinee_apssii.pdf
Gastro-entérologie
Le côlon irritable, c’est quoi ?
Publié le 26/05/2017
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Le côlon irritable n’est pas une maladie psychosomatique. Il existe d’authentiques anomalies de la motricité intestinale et une hypersensibilité viscérale. La qualité de vie des malades peut être profondément altérée.
Dr Julie Van Den Broucke (médecin généraliste)
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Source : Le Généraliste: 2798
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