Voici les quelques notions indispensables à connaître si vous êtes sollicités dans un avion en tant que médecin pour un passager présentant un problème médical (1).
La pressurisation des cabines entraine hypoxie, hypobarie et réduction drastique d’hygrométrie responsables de l’essentiel des problèmes survenant à bord.
-› Peu de données existent sur la nature des évènements survenant en vol : les problèmes digestifs sont les premiers en cause (25% en moyenne) devant les causes cardiaques (10%) et neurologiques (10%). Les symptômes digestifs s’expliquent par les modifications de volume des gaz du tube digestif lors des phases de montée et de descente de l’avion.
L’embolie cardiaque peut constituer une cause d’arrêt cardiaque ou de détresse respiratoire. Elle survient dans plus de 85% des cas après l’attérissage, au lever su patient ou lors de ses premiers pas sur la passerelle. La survenue d’une dyspnée en cours de vol doit en priorité faire évoquer un autre diagnostic. Attention, tous les patients ayant une maladie respiratoire sont particulièrement exposés au risque d’hypoxie.
Depuis 1992, les compagnies se sont progressivement équipées en défibrillateurs semi-automatiques. Le personnel navigant est formé à son utilisation. La boite hôtesse de médicaments contient plus ou moins de produits selon qu’il s’agit d’un moyen ou d’un long courrier ; dans ce dernier cas , la pharmacie permet de faire face à la plupart des urgences.
Quant au risque infectieux, la pressurisation de la cabine induit une recirculation de 50% de l’air. Mais le risque de transmission d’infection est limité aux contacts étroits et aux passagers situés à moins de deux rangs d’un sujet contact. La limitation des déplacements peut contenir la propagation des virus en cas d’épidémie débutante.
-› Seule la moitié des incidents requiert un avis médical, obtenu à bord dans 69% des cas, soit auprès d’un médecin (40%), d’une infirmière (25%) ou d’un « paramedic » (4%). Dans 79% des cas, il y a concordance entre le diagnostic porté dans l’avion et le diagnostic final. Les incidents médicaux au cours de voyages aériens sont estimés à 2350 par jour dans le monde, soit un incident tous les 14 000 à 39 600 passagers.
-› Les modalités d’intervention à bord des avions ont été codifiées et les personnels de santé intervenant comme « bon samaritain » sont exempts de responsabilité juridique. Toutefois en cas de conflits, les législations ne sont pas identiques dans tous le pays et la juridiction compétente peut être celle du pays de la compagnie aérienne, du pays survolé au moment où survient l’accident, du pays du patient ou de celui du médecin.
Ainsi l’obligation déontologique et pénale d’assistance qui s’applique aux médecins français ne s’impose pas avec la même rigueur dans tous les pays. Pour limiter les risques, il faut s’identifier, faire traduire si nécessaire par le personnel navigant, obtenir le consentement du patient, le tenir informé ainsi que ses proches et les membres d’équipage, de contacter le sol, d’utiliser des traitements connus, d’envisager un déroutement et de rédiger une observation précise.
-› Le déroutement de l’avion reste la solution ultime (moins de 3% des cas). Sa mise en œuvre prend au minimum 20 minutes. Les motifs principaux sont : comas, arrêts cardiaques, SCA (23% des causes), dyspnées sévères, AVC, convulsions, états d’agitation sévères, les douleurs thoraciques ou abdominales sévères.
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