Dans ce texte de la HAS, le détail des erreurs à ne pas commettre constitue un élément essentiel, utile notamment au jeune médecin. Pour autant, quel que soit le degré d'expérience, le médecin qui croit connaître la recette de l'annonce d'une mauvaise nouvelle est loin de la vérité, bien plus loin que celui qui doute. Pour rencontrer l'autre, ici le malade, le médecin doit abandonner une partie de ses certitudes, scientifiques tout autant qu'humaines. L'annonce d'une mauvaise nouvelle est un exercice d'humilité permanente. Les mécanismes de défense susceptibles d'être mis en œuvre par le médecin sont en fait autant de sources d'erreurs potentielles, qu'il convient d'identifier avec lucidité afin de faire face aux difficultés ressenties et rester modeste dans sa façon d'aborder la question.
- La banalisation. « Vous n'êtes pas la première à avoir un cancer du sein, la chimiothérapie n'est qu'un mauvais passage » ignore la souffrance psychique du patient.
- Le mensonge pose un problème éthique majeur. Même lorsque la famille insiste pour cacher la vérité au malade, il faut tout faire pour que la mauvaise nouvelle soit partagée entre le patient et son entourage proche. Dans le cas contraire, il ne s'agit ni plus ni moins que de reporter sur la famille la gestion de la mauvaise nouvelle, ce qui inacceptable. Celle-ci sera alors contrainte de faire un deuil anticipé, situation d'une grande violence.
- L'identification projective consiste pour le médecin à faire comme si le malade partageait les mêmes sentiments et préoccupations que lui. En comparant la situation du patient à la sienne, il occulte le vécu du patient.
- La rationalisation. « Vous avez une insuffisance rénale terminale et le taux de succès de la dialyse est de… » enferme le patient dans un discours sans issue et incompréhensible.
- La fausse réassurance, réponse artificielle du médecin à l'angoisse du patient, optimise les résultats médicaux : « Ce n'est pas grave, cela va aller mieux ». Elle est d'autant plus préjudiciable qu'elle s'accompagne d'une désinvolture apparente, moyen pour le soignant de masquer sa propre angoisse. Or le malade ne demande pas au médecin d'être dans la compassion et il n'a pas à ressentir l'angoisse du professionnel. L'exercice de la médecine est un exercice de maîtrise, mais de maîtrise ouverte, toujours à l'écoute du patient.
- Dans la « fuite en avant », le soignant dit tout et tout de suite, sans tenir compte de la nécessité de délivrer l'information pas à pas.
Par ailleurs, il faut savoir accepter les « incohérences » du patient, par exemple lorsque celui-ci échafaude des projets visiblement irréalistes. Mieux vaut le laisser y penser et ne pas agir en fonction des seules données médicales. Ainsi le médecin respecte chez son patient la dimension du plaisir de la vie et évite l'écueil du paternalisme.
Lors de l'annonce de la mauvaise nouvelle, tout tourne finalement autour de la capacité du médecin à accueillir l'angoisse du malade. Au sein de cette consultation, l'écoute du patient doit être privilégiée, en se souvenant que bien souvent, ce qui est dit par le médecin n'est pas ce qui sera reçu par l'intéressé : autre notion fondamentale !
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